Crise sanitaire d’abord, crise économique ensuite, le Coronavirus n’a pas fini de faire parler de lui. Cette situation est inédite dans le monde moderne avec à ce jour 2,7 milliards de personnes confinées soit plus d’un habitant de la planète sur 3.
L’ampleur du krach est exceptionnelle sur les marchés financiers : -38% en un mois pour la bourse de Paris. -35% à New York. Quant au pétrole, il a perdu 62% de sa valeur en un mois pour sombrer au plus bas depuis 18 ans.
De l’alimentation de base comme le pain et les pâtes aux consommations de loisir telles que la bière en passant par les usages non-alimentaires que sont les biocarburants, tous nos débouchés sont impactés. Parfois positivement mais hélas biens souvent négativement. Alors, finalement quel est l’impact du Coronavirus sur nos céréales?
Blé : Le Coronavirus favorise l’alimentation de base
Paniques aux achats
A l’image des consommateurs remplissant leurs caddies de pâtes, farine et autres, ce sont tous les utilisateurs de blé qui répondent à cette « peur de manquer » et aux risques de défaillance de la logistique. Des éleveurs aux fabricants d’aliment du bétail, des meuniers aux usines agro-alimentaires, des chargeurs aux grands pays importateurs : toute la filière a renforcé ses achats de précaution.
Il faut aussi compter avec la Chine qui sort progressivement de ses 2 mois de confinement et qui revient aux achats de blé français et américain pour refaire ses réserves.
Les devises ont également leurs effets de soutien à court-terme. Désormais épicentre de l’épidémie de Coronavirus, l’Europe voit sa devise, l’Euro chuter au plus bas depuis 3 ans ce qui soutient les prix à l’export. En Russie, c’est de nouveau la menace de restrictions à l’export qui plane. Avec une économie frappée de plein fouet par l’effondrement des cours du pétrole, le rouble russe a perdu 1/3 de sa valeur depuis le 1er janvier. Cette dévaluation fait bondir les prix agricoles sur le marché intérieur sur des niveaux records, ce qui commence à agiter la population.
Des incertitudes à moyen terme
L’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Iraq, l’Algérie, l’Egypte, le Nigéria et l’Indonésie ont pour point commun d’être dans le classement des plus gros producteurs de pétrole au monde. Avec un prix du blé qui n’a jamais été aussi élevé qu’à ce jour par rapport au prix du pétrole, la capacité de ces pays à maintenir leurs achats dans les prochains mois est une crainte.
Quant aux devises, difficile de statuer sur le maintien d’un euro faible par rapport au dollar quand les Etats-Unis devraient eux aussi être sévèrement touchés par la crise. De plus, les pays exportateurs de blé à bas coûts que sont l’Ukraine et la Russie bénéficieront indéniablement de la faiblesse de leurs devises pour assoir leur domination sur le commerce mondial du blé dans les prochains mois.
Orge : quand l’épidémie de covid-19 fait perde toutes les bonnes occasions de boire de la bière
Fermeture des bars et restaurants. Arrêt de la NBA aux Etats-Unis. Arrêt des championnats de footballs Européens. Report de l’Euro de football et des JO. Suspension de tous les petits évènements locaux. Toutes les bonnes occasions de boire de la bière en quantité sont mises à mal. Certes la consommation domestique perdure pendant le confinement. Mais une forte réduction de la consommation mondiale de bière est crainte à ce jour.
Maïs : sous la menace de l’éthanol américain
Alors que les cours de l’essence ont perdu 75% de leur valeur aux Etats-Unis en un mois et que les cours de l’éthanol marquent de nouveaux plus bas historiques, les usines d’éthanol américaines sont à contre-marge et ferment les unes après les autres. Les restrictions de circulation et donc de consommation de carburant ne font qu’amplifier la crise. Lorsque l’on sait que 40% de la production de maïs américaine est transformée chaque année en éthanol, on comprend mieux pourquoi le maïs à Chicago revient vers ses plus bas niveaux des 10 dernières années. Heureusement en France, cette débâcle est atténuée par la fermeté du blé et la faible récolte de l’automne dernier.
Colza : Le coronavirus fragilise la filière
Le soja bloqué en Amérique du Sud ?
Le secteur des oléagineux souffre davantage de la crise que celui des céréales. Le monde se passe plus facilement d’huile que de pain…
Mais dans cet univers complexe, un élément de soutien se détache, la fermeté des tourteaux. En Europe, c’est la réduction de cadence des usines de trituration et les problèmes de logistiques qui réduisent l’offre de tourteaux de colza. Sur le marché mondial, alors que la Chine, qui sort peu à peu de la crise, revient activement aux achats de soja, l’Amérique du Sud fait peur aux opérateurs.
Face à la progression du Coronavirus, des villes commencent à être fermées au Brésil comme en Argentine. Difficile de savoir si ces blocages vont prendre de l’ampleur et durer. Mais, comme à chaque fois que le doute plane sur le 1er exportateur au monde de graine de soja et le 1er exportateur au mode de tourteaux de soja, les cours s’emballent à la hausse sur ce marché hyper concentré.
La déroute du biodiesel
Avec un pétrole au plus bas depuis 18 ans, l’équilibre économique des filières de biocarburants est remis en cause dans de nombreux pays du monde. Il devient parfois plus rentable pour les pompistes d’être amendable que de respecter leurs obligations d’incorporation de biocarburants.
De plus, l’Europe entière est en confinement. La consommation de gasoil s’effondre et avec elle la consommation de biodiesel à 7%. Avec plus de 70% des graines de colza européennes destinées à la production de biodiesel, c’est une réelle crise de débouché que vit actuellement ce produit.
La volatilité est de retour
Nous ne mesurons certainement pas encore à ce jour tous les changements et bouleversements que la crise actuelle va provoquer dans l’économie mondiale, et sur le marché des grains. Si la demande alimentaire mondiale incompressible demeure la colonne vertébrale de nos marchés agricoles, leur dépendance aux biocarburants est leur talon d’Achille.
L’incertitude du lendemain et la volatilité des prix qui l’accompagne fait un retour fracassant sur le marché des grains. De menaces à opportunités, les hésitations sont nombreuses et les risques majeurs lorsque l’on est seul sur son exploitation pour déclencher ses ventes.
Espérons toutefois que cette période de trouble profond permette à nos dirigeants et surtout aux consommateurs de mieux saisir l’enjeu stratégique de l’agriculture et de mieux la soutenir pour garantir la stabilité des paysages, du pays et du monde.
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