Le monde des marchés peut parfois sembler complexe et intimidant. Mais il est important de comprendre les différentes stratégies qui sont pratiquées pour y travailler avec efficacité. Que ce soit pour lire les publications de marché, comprendre ce qu’il se passe ou tout simplement pour passer à l’action, le jargon des marchés, majoritairement en langue anglaise mérite d’être décrypté.
L’une des stratégies possibles pour les opérateurs est d’être « short » sur un marché. Mais que signifie réellement être « short » et comment cela peut-il vous aider à comprendre le marché ?
Définition du short
Short, traduit littéralement en français, signifie court. Être « à court » de marchandise ou manquer de marchandise se dit être short.
Pour être plus précis le terme « short » signifie « vendre à découvert ». Être « short » sur un marché signifie que vous avez vendu une marchandise ou un actif financier tel un contrat à terme que vous n’avez pas en votre possession avec l’intention de le racheter à un prix plus bas.
Une position short correspond à un risque de hausse des cours sur le marché. L’inverse du short est le long. C’est-à-dire celui qui possède la marchandise et qui est exposé à un risque de baisse des cours sur le marché.
Qui sont les shorts ?
Le commercial ou l’industriel qui « manque » de marchandises et devient « short physique »
Exemple de l’exportateur
L’exportateur qui le 15 février vend un bateau de 25 000 t de blé à un client pour un chargement au 1er avril au prix de 300 €/t et qui n’a pas encore acheté la marchandise pour remplir ce bateau devient SHORT de 25 000 t. Plus le prix du blé diminuera d’ici l’achat des 25 000 t destinées au bateau, plus la marge de l’exportateur sera élevée. Mais à contrario, plus le prix du blé augmentera d’ici l’achat des 25 000 t destinés au bateau, plus la marge de l’exportateur se réduira au point de devenir rapidement négative.
Exemple du meunier
Situation identique pour le meunier qui le 15 février vend 3000 t de farine à 500 €/t à livrer chaque semaine à ses clients boulangers sur le 2è trimestre. Si le meunier n’a pas encore acheté le blé nécessaire à la future fabrication de ces 2000 t de farine, il devient SHORT de blé.
Plus le prix du blé diminuera d’ici l’achat destiné à la fabrication de farine, plus la marge du meunier sera élevée. Mais à contrario, plus le prix du blé augmentera d’ici l’achat destiné à la fabrication de farine, plus la marge de l’exportateur se réduira au point de devenir rapidement négative.
Dans les deux cas, il s’agit d’une stratégie spéculative au risque de perte illimité.
Le professionnel de la filière qui va couvrir sa marchandise physique non vendue via une position « SHORT » sur le marché à terme
Exemple de l’agriculteur
L’agriculteur qui prévoit une récolte d’au moins 500 t de blé est exposé au risque de baisse du prix du blé tant que celui-ci n’est pas vendu. Une solution pour annuler ce risque consiste à prendre une position opposée et de même taille sur le marché à terme. Ainsi cet agriculteur pour se couvrir et neutraliser son risque va vendre 10 contrats à terme blé de 50 t et devenir SHORT sur le marché à terme.
En cas de chute des prix du blé, les 500 t non vendues vont perdre de la valeur. Mais dans le même temps les 10 contrats à terme SHORT sur le marché à terme seront rachetés plus bas que leur prix de vente ce qui dégagera une plus-value équivalente à la perte de valeur des 500 t.
En cas de hausse des prix du blé, les 500 t non vendues vont prendre de la valeur. Mais dans le même temps les 10 contrats à terme SHORT sur le marché à terme seront rachetés plus haut que leur prix de vente ce qui engendrera une moins-value équivalente au gain de valeur des 500 t.
En prenant une position SHORT sur le marché à terme, l’agriculteur a « couvert » son risque de voir le prix de sa récolte chuter. Une couverture à la vente sur le marché à terme permet de sécuriser une marge.
Exemple du collecteur
La situation sera identique pour le collecteur qui va acheter 5000 t à des agriculteurs sans avoir de débouché pour le revendre. Il est exposé au risque de baisse du prix du blé tant que celui-ci n’est pas revendu. Pour compenser ce risque, le collecteur va prendre une position opposée et de même taille sur le marché à terme. Ainsi ce collecteur pour se couvrir et neutraliser son risque va vendre 100 contrats à terme blé de 50 t et devenir SHORT sur le marché à terme.
En prenant une position SHORT sur le marché à terme, le collecteur a « couvert » son risque de voir le prix de ses achats réalisés chuter. Une couverture à la vente sur le marché à terme permet de sécuriser une marge.
Dans les deux cas, il s’agit d’une stratégie de couverture dont le risque se limite au décalage possible entre marché physique et marché à terme.
Le financier qui spécule sur la baisse des prix
On a souvent en tête l’image de l’investisseur qui va spéculer sur la hausse des cours d’un actif financier en l’achetant pour le revendre plus tard avec si possible une plus-value. Mais sur certains marchés, dont font partie les marchés à terme, il est possible de faire l’inverse et de spéculer sur la baisse des cours d’un actif financier en le vendant pour le racheter plus tard avec si possible une plus-value.
L’opérateur financier qui pense au 15 février que le prix du blé Euronext va baisser d’ici le mois de mai prochain peut vendre des contrats à terme sur le blé Euronext échéance Mai. Ce financier devient « short » sur le marché à terme. Il a fait une vente à découvert.
Si les prix chutent le contrat à terme sera racheté plus bas que le prix de vente et le financier dégagera une plus-value. A l’inverse si les prix montent le contrat à terme sera racheté plus haut que le prix de vente et le financier perdra de l’argent.
Dans ce cas, il s’agit d’une stratégie spéculative au risque de perte illimité.
En résumé, il y a le « short » et le « short ».
Lorsque la position short est prise face à une position longue physique ou à terme dans le cadre d’une couverture ou d’un arbitrage, le risque est limité.
Mais lorsque le short est total, qu’il soit sur le marché physique ou sur le marché à terme, le risque est illimité à la hausse. C’est une situation extrêmement dangereuse qui peut avoir d’importantes conséquences sur le marché.
Où trouver les shorts et comment interpréter cette information ?
Les relevés de position
Les marchés physiques ne sont pas transparents et les positions des opérateurs n’y sont pas connues. Il est donc difficile voire impossible de savoir qui est short et dans quelles proportions.
A contrario sur les marchés à terme la transparence est très forte notamment sur la position des opérateurs. Que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, la réglementation boursière oblige les intervenants à déclarer leurs positions. Tout cela est publié de manière hebdomadaire sans que cela soit nominatif.
Aux Etats-Unis c’est la CFTC qui publie ce relevé de position chaque vendredi. En France c’est directement Euronext qui publie la position des opérateurs.
Sans rentrer dans le détail, deux grandes familles se distinguent dans les relevés de positions des marchés à terme. Les opérateurs physiques appelés « commerciaux » et les opérateurs financiers appelés « fonds ».
Les commerciaux shorts, une situation classique
Il est compliqué d’interpréter la position nette des opérateurs commerciaux. Ces derniers intervenant majoritairement dans une logique de couverture, ils détiennent donc une position opposée sur le marché physique.
Si sur un contrat à terme les commerciaux ont une position nette « short » c’est qu’ils détiennent à l’achat ou en stock la marchandise physique.
Lorsqu’ils vendront leur stock, ils rachèteront leur position short.
Les fonds shorts, une situation à surveiller
Lorsque les fonds détiennent une position nette « short », cela veut dire qu’ils ont en majorité vendu des contrats à terme. Il sont donc dans un pari « baissier » sur le marché.
Leur dynamique est à suivre. Ainsi plus leur position short s’accroît plus les fonds poussent le marché à la baisse.
Le niveau absolu du « short » des fonds est important. Cela s’observe en surveillant la position short par rapport à son propre historique ou par rapport à la position ouverte totale sur le marché. Plus les fonds sont shorts et plus ils devront se « racheter » pour déboucler leur position le jour où leur prendra l’envie de quitter leur « pari » baissier.
Des fonds qui accentuent leur short représentent un élément baissier. Mais à contrario, des fonds très short qui réduisent leur short représentent un élément haussier pour le marché.
La position des fonds fait partie des principaux drivers de marché à surveiller.
Où trouver les shorts et comment interpréter cette information ?
Le short squeeze et le short covering sont deux expressions de marché qui décrivent une situation induite par des positions shorts.
Le short-covering, mouvement haussier initié par les shorts
Lorsque les cours montent sur un contrat à terme, c’est qu’il y a plus d’intérêts acheteur que vendeur.
Dans une hausse « classique », les acheteurs sont des nouveaux entrants dans le marché. Cela souligne une réelle conviction haussière. Cela se démontre par une progression conjointe des prix et de la position ouverte sur le marché.
A contrario un mouvement haussier peut être provoqué par les opérateurs « short » qui ferment leurs positions et se rachètent. Cette « couverture de position » short est appelée « short covering ».
La hausse liée à du « short covering » se démontre par une progression des prix et une réduction de la position ouverte sur le marché.
Le short covering est une hausse moins solide que la hausse « classique ». Car une fois que les shorts auront terminé de se « racheter » le mouvement haussier perdra de son carburant.
Voilà pourquoi il est intéressant de savoir si une hausse est liée à du « short covering » ou non.
Le short-squeeze, mouvement haussier éphémère et violent
Être short sur un marché à terme c’est, rappelons le, avoir fait des ventes à découvert. Ventes qu’il faudra racheter et au plus tard avant l’échéance du contrat à défaut de rentrer dans une procédure de livraison. Mais parfois les choses ne se passent pas comme prévu pour les shorts sur un marché à terme.
Si par exemple la marchandise cotée devient extrêmement rare que ce soit par manque de volumes ou par dégradation qualitative, il n’y aura plus personne pour vendre sur le marché. A l’exception des opérateurs capables d’aller en livraison à l’échéance, les shorts auront donc extrêmement de mal à se racheter faute de contrepartie et de liquidité face à eux. Il seront donc obligés de monter de plus en plus leurs offres d’achat quoi qu’il en coûte.
Dans un squeeze, les shorts sont coincés et sont « obligés » d’acheter à n’importe quel prix
Le marché peut ainsi s’envoler sans autre raison. Mais attention, une fois que tous les shorts auront réussi à sortir du marché, le soufflé retombera aussi vite qu’il est monté.
L’année 2022 qui se termine aura été l’objet d’une volatilité inégalée à ce jour. Les records de prix sont tombés sur la plupart des produits. Plus de 1 000 €/t pour le colza et le tournesol, plus de 500 €/t sur le blé dur, plus de 400 €/t sur le blé et les orges et plus de 350 €/t pour le maïs.
La chute de l’euro a bien aidé les performances des produits libellés dans cette devise. C’est le coup de pouce supplémentaire par rapport aux précédents records de 2007/2008.
Les amplitudes de marché ont, elles aussi, été colossales avec des écarts de 500 €/t en colza ou 180 €/t sur le blé pour ne citer que ces deux produits phares.
Le choc de la guerre en Ukraine a fait culminer les matières premières agricoles après une ascension débutée 2 ans auparavant avec la tension des stocks, les achats massifs de la Chine et avec l’inflation globale de toutes les matières premières. Mais depuis le printemps 2022, le marché s’est « accoutumé » au conflit. Les stocks se sont améliorés. La Chine est en retrait. Et surtout, la bulle des matières premières se dégonfle sous la pression des banques centrales.
Maïs, blé et orges en gagnants
Le maïs, le blé tendre et l’orge fourragère sont les 3 seuls produits suivis par Captain Farmer à progresser sur l’année 2022. Malgré la baisse des prix observée depuis mai dernier, ces 3 céréales sont à leur plus haut niveau historique pour un 31 décembre. Elles affichent une série de 3 années successives de hausse.
Le maïs est le grand gagnant de la performance 2022 avec une progression annuelle de +20.8 %. Cette hausse est due avant tout à la relative déprime de ce produit il y a un an. N’oublions pas que le maïs est passé d’une récolte record en France et en Europe à l’automne 2021 à une récolte catastrophique en 2022. Malgré ces faibles volumes de production, les cours du maïs rendu Bordeaux se sont nettement détendus avec l’arrivée d’une récolte brésilienne record sur le marché international et avec la mise en place du corridor d’export en Ukraine.
Le blé monte sur la deuxième marche du podium. Malgré un violent repli de plus de 100 €/t depuis mai, il affiche une progression annuelle de 12.8 %. Les cours du blé en rendu Rouen profitent encore de la tension des stocks chez la majorité des grands exportateurs mais se trouvent néanmoins pénalisés par des productions 2022 records en Russie et en Australie.
L’orge fourragère clôture ce trio de tête avec une progression annuelle de +8.7 %. Elle suit le blé dans sa trajectoire au bémol près de la dégradation de sa prime due au ralentissement des achats chinois d’orge française. Quand l’écart de prix entre blé meunier et orge fourragère rendu Rouen était de 19 €/t au 1er janvier 2022, il s’est agrandi à 32 €/t au 31 décembre 2022.
Match nul pour le tournesol et le blé dur
Le blé dur et la graine de tournesol sont pratiquement au même prix qu’il y a un an. Ils affichent donc tous deux leur meilleur niveau historique pour un 31 décembre comme l’an passé.
Le cours du blé dur rendu la Pallice était déjà record au 1er janvier 2022 à la suite de la très mauvaise production canadienne de 2021. La récolte 2022 a été bien meilleure. Néanmoins les mauvaises productions de blé dur en Europe et en Afrique du Nord ainsi que les prix très élevés du blé tendre permettent au blé dur de conserver son très haut niveau.
Le cours de la graine de tournesol était lui aussi déjà extrêmement élevé à plus de 600 €/t au 1er janvier 2022, tiré par la pénurie de colza en Europe et dans le monde et par la tension des huiles végétales. La guerre en Ukraine, 1er exportateur mondial d’huile de tournesol a propulsé la graine de tournesol à plus de 1000 €/t pendant 3 mois au printemps dernier. Mais avec le report de la demande sur le palme davantage disponible et avec la mise en place du corridor d’export en Ukraine, le cours de la graine de tournesol rendu Saint-Nazaire termine l’année 2022 comme il l’avait débutée autour des 600 €/t.
Une contre-performance à relativiser pour le colza et les orges brassicoles
Le colza, l’orge de brasserie d’hiver et l’orge de brasserie de printemps sont les 3 produits suivis par Captain Farmer à afficher un net recul sur l’année 2022.
La graine de colza fob Moselle a perdu -23.4 % entre le 1er janvier et le 31 décembre 2022. Cela est surtout dû au fait qu’au 1er janvier le cours du colza était déjà sur un record de 765 €/t dans un contexte de chute de la production canadienne de canola, de manque de colza en Europe et d’envolée des cours du biodiesel en Europe. Depuis son éphémère pic à 1 100 €/t le 25 avril, le colza ne fait que baisser. Forte remontée des productions de colza en Europe et au Canada, récolte record en Australie, net recul du biodiesel, rechute de l’huile de palme, les arguments baissiers ne manquent pas. La tension du soja et la reprise du palme apportent toutefois un peu de soutien permettant au colza de s’afficher à 580 €/t fob Moselle fin 2022.
Les cours de l’orge de brasserie de printemps comme celle d’hiver perdent – 16 % sur l’année 2022. Il faut dire que ces deux produits étaient déjà sur des niveaux records au 1er janvier 2022 à 375 €/t base juillet fob Creil pour l’orge de printemps et 350 €/t base juillet fob Creil pour l’orge d’hiver suite à un forte tension du bilan européen, à de gros achats d’orge par la Chine et à une mauvaise récolte canadienne 2021. Depuis, la chine s’est retirée des achats d’orges et les bonnes récoltes 2022 du nord-communautaire ont permis de détendre le bilan brassicole européen. La tension de l’ensemble du complexe céréalier reste néanmoins un puissant soutien avec des orges brassicoles encore proches des 300 €/t fob Creil.
Il ne faut pas perdre de vue que la contre-performance du colza et des orges de brasseries sur 2022 est en grande partie liée à leurs prix déjà extrêmement élevés il y a un an. Et il est important de se rappeler que ces produits sont sur leurs 2è plus haut niveau historique de prix pour un 31 décembre.
Quelles perspectives pour 2023 ?
Après une année 2022 des plus mouvementées et un cycle haussier débuté depuis 3 campagnes désormais, l’année 2023 s’annonce comme cruciale. Quelle issue au conflit en Ukraine ? Quelle évolution de la consommation mondiale de grains en cas de ralentissement économique ? Quelle capacité des grands exportateurs à pouvoir augmenter leur production dans un contexte d’instabilité climatique ? Voilà autant de questions qui feront l’actualité et les cours des 12 prochains mois.
Vous avez des questions ? Echangez avec l’équipe Captain Farmer dès maintenant ! Ecrivez à sebastien@www.captainfarmer.com
Trajectoires croisées pour les deux premières céréales au monde
Blé et maïs sont les premières céréales produites sur Terre. Aussi proches que différentes, ces deux matières premières sont les meilleurs ennemies.
L’histoire du maïs a commencé il y a 9000 ans dans une haute vallée montageuse du Mexique. Le blé a quant à lui été domestiqué il y a 10 000 ans dans le croissant fertile (actuels Liban, Syrie, sud de la Turquie).
Aujourd’hui, le maïs est la première céréale produite au monde avec 1 205 Mt produites en 2021/2002 avec comme principal débouché l’alimentation du bétail pour 62%. Le blé est la seconde céréale produite au monde avec 775 Mt produites en 2021/2022. Son principal débouché est l’alimentation humaine pur 81%.
Le maïs, avec 5,8 T/ha de rendement moyen dans le monde, affiche 65% de productivité de plus que le blé et ses 3,5 T/ha de rendement moyen dans le monde.
Le blé contient 12% de protéines en moyenne soit 50% de plus que le maïs qui n’en contient que 8 % seulement.
La production mondiale de maïs a été multipliée par 2 depuis 20 ans avec un gain de + 600 Mt. Beaucoup plus modeste, la production mondiale de blé a progressé d’un tiers depuis 20 ans avec un gain de 190 Mt.
Le rendement mondial du blé gagne 27% en 20 ans, alors que le rendement mondial du maïs gagne 36% en 20 ans.
La surface mondiale de maïs gagne 47% en 20 ans tandis que la surface mondiale de blé gagne 4,2% en 20 ans.
Le maïs, premier aux Etats-Unis et le blé premier en Europe
Les deux zones produisent du blé et du maïs mais les proportions y sont totalement inversées.
370 Mt de maïs sont produites chaque année en moyenne aux Etats-Unis contre 50 Mt de blé.
L’Europe produit 150 Mt de blé tous les ans contre 65 Mt de maïs.
La base et la force de l’économie agricole céréalière américaine c’est d’abord le maïs avant le blé. C’est le contraire en Europe où la base de l’économie céréalière s’appuie sur le blé, puis vient le maïs.
Marché mondial : un maïs concentré contre un blé éclaté
4 pays se partagent 90 % du commerce mondial du maïs, dont 50% pour les seuls Etats-Unis. Viennent ensuite le Brésil, l’Ukraine et L’Argentine.
8 pays se partagent 90 % du commerce mondial du blé. Canada, USA, Union Européenne, Ukraine, Russie Kazaksthan, Argentine et Australie.
Un seul problème de production de maïs aux Etats-Unis et c’est tout le marché mondial qui s’envole.
En blé, il faut des problèmes dans plusieurs pays à la fois avant que le marché mondial ne s’envole car la concurrence y est multiple.
La zone de bataille : l’alimentation du bétail
Blé et maïs ont un débouché commun : celui de l’alimentation du bétail.
Certaines zones n’utilisent pratiquement que du maïs pour nourrir les animaux d’élevage. C’est le cas de l’Amérique du Nord et du Sud. Le maïs y est abondant et très souvent beaucoup moins cher que le blé.
C’est le cas également du Moyen-Orient et de l’Afrique. Dans ces pays, la production locale de céréale est insuffisante et il faut importer, alors autant importer du maïs, souvent moins cher que le blé. C’est aussi culturel dans cette grande région : le blé nourrit les hommes, le maïs nourrit les animaux.
D’autres régions utilisent indifféremment le blé et le maïs en alimentation du bétail et changent de formule au gré des rapports de prix. C’est le cas de l’Europe où l’écart de prix blé/maïs est bien moins large que sur le marché mondial car le blé est en excès et exporté alors que le maïs est en déficit et importé. C’est le cas également de l’Asie où il y a beaucoup moins de freins culturels à nourrir les animaux avec du blé qu’au Moyen Orient ou en Afrique.
La relation de prix blé-maïs : je t’aime, moi non plus
Les prix du maïs sont passés 92% du temps sous le prix du blé sur le marché mondial depuis 20 ans. A l’échelle mondiale, le maïs est plus productif que le blé à l’hectare et ses coûts de production sont moindres. D’où cette différence de prix « naturelle ». Toutefois, cet écart de prix blé-maïs peut varier.
Trop de blé sur le marché ? Les cours du blé s’effondrent et rejoignent ceux du maïs pour lui prendre des parts de marché en alimentation du bétail.
Pas assez de maïs ? Les cours du maïs s’envolent jusqu’à rejoindre ceux du blé afin que ce dernier lui prenne des parts de marché en alimentation du bétail.
Pas assez de blé ? Là, ça coince. Difficile pour les populations dont la nourriture de base est le pain de changer de régime alimentaire pour manger des tortillas de maïs comme au Mexique. Donc en cas de pénurie de blé les cours du blé peuvent s’envoler sans ceux du maïs. Certes le maïs en profitera un peu. Il va récupérer de la demande en alimentation du bétail tandis que le blé va chercher à rationner sa demande en alimentation du bétail par une hausse de prix. La deuxième solution pour le blé après le rationnement de l’alimentation du bétail, c’est le rationnement de la demande humaine. Mais hélas bien souvent, un tel scénario fini mal avec des famines et de graves instabilités dans le monde.
A chacun son soutien caché
Le maïs a contrairement au blé un soutien caché du côté des biocarburants. C’est le soutien de l’éthanol. Quand le prix de l’essence s’envole, le marché de l’éthanol tire la demande de maïs et soutien ce dernier, puisqu’en effet, 40% du maïs est utilisé pour fabriquer de l’éthanol aux Etats-Unis.
Le blé a, de son côté, le soutien caché du soja dans l’alimentation du bétail. Quand les cours de la graine et des tourteaux de soja s’envolent, le coût de la protéine explose dans les formulations pour les aliments du blé. Ainsi les 4 points de protéines en plus détenus par le blé face au maïs prennent une grande valeur et permette au blé malgré un prix nettement plus cher que le maïs de rester attractif aux yeux des fabricants d’aliment du bétail.
Conclusion : deux marchés indispensables à suivre en même temps
Nés il y a des millénaires à des endroits totalement différents sur la planète, le blé et le maïs sont aujourd’hui complètement mondialisés. Bien qu’indépendantes, leurs trajectoires sont liées. Que l’on produise du blé ou du maïs, c’est le marché de ces deux produits qu’il faut suivre en même temps pour bien comprendre la tendance des céréales en général.
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Qui dit du marché blé en France, dit le fameux MATIF. Le contrat à terme d’Euronext fait désormais référence. Il donne le ton des prix bien au-delà des frontières de l’hexagone et domine sur toute l’Europe.
Aller plus loin dans la discussion, c’est souvent parler du marché de Chicago. Même si les Etats-Unis ont perdu leur place de 1er exportateur mondial de blé face à la Russie, le Chicago Board of Trade (CBOT), reste LA référence mondiale qu’aucun trader ne quitte des yeux.
Mais saviez-vous qu’il existe pas moins de 8 contrats à terme sur le blé tendre à travers le monde ? Quelques clics vous suffiront à faire le tour du monde et à accéder aux tendances des prix du blé en Australie, en Angleterre, en Chine, au Canada, en Russie etc…
Etats-Unis : 3 contrats différents dans le berceau des marchés à terme
Dirigeons-nous vers les Etats-Unis, berceau des marchés à terme, étant donné que les premiers contrats sont apparus dans l’Illinois, sous l’égide des Bourses de commerce de Chicago. Le Chicago Board of Trade, aussi connu sous le nom de CBOT, a été créé en 1848, et fut le premier à proposer ces contrats à terme standardisés en termes de prix, qualité, quantité et échéance, en se spécialisant dans les céréales. Depuis, ont été créés aux Etats-Unis deux autres marchés à terme, celui de Kansas City en 1856 et de Minneapolis en 1881.
Pourquoi avoir créé trois marchés à terme aux Etats-Unis, sachant que tous cotent du blé américain ? La plaine américaine étant très vaste, la disparité de qualité des blés produits aux Etats-Unis l’est aussi. Chaque marché à terme américain va donc coter du blé propre aux spécificités qualitatives produites dans leur région, car sur ces contrats, la marchandise est livrable en fin d’échéance.
A noter que les contrats à terme américains sont tous cotés en dollars par boisseau !
Chicago : la référence n°1
Dans la région de Chicago, le blé produit est un blé tendre d’hiver avec une faible teneur en protéines, inférieure à 10 %. Ce blé est majoritairement utilisé pour l’industrie agroalimentaire en pâtisserie et boulangerie. Ce blé Soft Red Winter (SRW) coté sur le contrat à terme blé de Chicago ne représente que 15 % du total des blés produits aux Etats-Unis. Mais c’est pourtant lui qui fait référence. C’est non seulement le plus vieux mais c’est aussi le plus important en termes de volumes traités aux Etats-Unis et dans le monde. C’est ce marché qui attire le plus de fonds d’investissement.
Le marché à terme de Chicago est désormais géré par la société du Chicago Mercantile Exchange (CME). Suivez les cours du blé à Chicago
Kansas City : la plus grosse production américaine
Si la suprématie du contrat à terme de Chicago sur le blé SRW ne fait pas débat, pour autant, c’est bien le blé Hard Red Winter (HRW) qui est le plus produit aux Etats Unis avec 41 % de la production totale du pays. Ce blé produit dans le centre du pays dans la région des « Grandes Plaines » a une teneur en protéines de 11 % minimum. Il s’agit d’un blé meunier aux propriétés techniques excellentes pour la panification, ou pour la production de pain de mie. C’est le fer de lance des blés américains sur le marché mondial.
Alors que le premier Etat producteur de blé HRW aux Etats-Unis est le Kansas, c’est la ville éponyme Kansas City, située dans le Missouri qui abrite le contrat à terme du blé HRW, livrable dans cette région de production. Le marché de Kansas city, initialement géré par la société Kansas City Board of Trade (KCBT) a depuis été repris par le CME à Chicago. Le blé HRW est le blé américain le plus proche qualitativement du blé produit en France. C’est un concurrent sur certains marchés export comme l’Algérie. D’où l’intérêt de suivre les cours de Kansas City.
Minneapolis : la top qualité
Dans le nord des Etats-Unis, le rude climat est davantage propice au blé de printemps. C’est donc le Hard Red Spring qui y est cultivé principalement dans les Dakotas du Nord et du Sud et dans le Minnesota. Représentant 26 % de la production totale, ce blé présente la meilleure des qualités produites aux Etats-Unis avec 13,5 % de protéines minimum. Il est utilisé pour des productions bien plus spécifiques du type production de bagels, de croissants, de pâtes à pizza. C’est le marché à terme de Minneapolis, le Minneapolis Grain Exchange (MGEX) qui abrite un contrat à terme sur le blé de printemps HRS. Bien qu’américain, ce contrat sert également d’outil d’arbitrage et de couverture pour la production du Canada toute proche et qualitativement similaire.
Paris domine l’Europe
Lancé depuis 1996 à la Bourse de Paris par la société MATIF devenue depuis Euronext, le contrat à terme blé meunier n°2 cote un blé de qualité meunière avec 11 % de protéines et 220s de Hagberg , livrable en silos agréés sur une grande partie des ports maritimes céréaliers français. Ce contrat représentant le blé français à l’export est désormais la référence dans toute l’Europe. Il attire de plus en plus d’opérateurs du monde entier pour des opérations d’arbitrage ou d’investissement. En 2020, c’est environ 5 fois la production européenne de blé qui a été traitée sur le contrat blé d’Euronext. Le contrat « MATIF » est désormais le 2ème plus important au monde en blé derrière celui du blé SRW à Chicago.
Londres : le marché du blé anglais
Le Royaume-Uni qui ne fait rien comme les autres a son propre contrat à terme en blé. Ce contrat « anglais » est coté à Londres sur la Bourse LIFFE désormais reprise par la Bourse ICE (Intercontinental Exchange). Il cote du blé fourrager « feed wheat » en £/t en raison de la forte production de blé de qualité fourragère au Royaume-Uni. Le PS minimum ne doit cependant pas être en-dessous des 72.5 kg/hl. A noter que de très faibles volumes y sont traités. Les échéances Novembre et Mai sont les plus utilisées. A noter également la taille des contrats qui est de 100 t à la différence des 50 t sur Euronext. ICE envisageait de ramener le contrat feed wheat à 50 t pour augmenter mécaniquement la liquidité et faciliter les opérations de spread avec le contrat blé ou maïs Euronext mais l’idée semble avoir été abandonnée. A la différence de son cousin Français, il y a une multitude de points de livraison à travers le Royaume-Uni (environ une trentaine).
Sydney : seul contrat à terme de l’hémisphère Sud
Avec ses 24 Mt de production annuelle, l’Australie n’est pas un très grand producteur de blé. C’est l’équivalent de l’Allemagne et c’est moins que l’Ukraine ou que la France. Mais avec ses 17 Mt d’exports moyens annuels, l’Australie compte parmi les tous premiers exportateurs de blé au Monde. Ce pays est d’autant plus important par sa production à contre-saison qui arrive sur le marché mondial à partir de décembre-janvier.
Pour suivre la tendance des prix australiens, direction Sydney et l’Australian Securities Exchange (ASX). Le contrat à terme « Eastern Australia Wheat » y est actif. Il cote en dollar australien la tonne, un blé meunier selon les standards australiens livrable dans les Etats du Queensland (QLD), de New South Wales (NSW) et de Victoria (VIC). A noter qu’il faut regarder l’échéance Janvier pour suivre les prix de la nouvelle récolte en Australie.
ZhengZhou : pour percer les secrets de la Chine
Zhengzhou est la capitale du Henan, l’une des trois provinces principales productrices de blé en Chine, d’où la présence d’un contrat à terme en blé sur le marché à terme local : le Zhengzhou Commodity Exchange. Ce contrat en yuan la tonne qui suit les complexes règles du marché intérieur chinois, n’est plus traité que de manière anecdotique depuis 5 ans. Mais pour briller auprès des traders, parler des cours à Zhengzhou, ça fait toujours bien !
Le blé Mer Noire : un petit contrat pour un gros marché export
L’émergence de la Russie sur le marché mondial du blé qui en 2 décennies vient d’atteindre le rang de 1er exportateur mondial, a suscité le besoin d’un outil de couverture et d’arbitrage local de la part des opérateurs. La complexité du marché russe avec son interventionnisme d’Etat n’aide pas au développement d’un contrat à terme. Néanmoins c’est la Bourse de Chicago, le CME (Chicago Mercantile Exchange) qui s’est lancée avec l’ouverture en 2017 de son contrat « Black Sea Wheat » coté en dollar la tonne. Il s’agit d’un blé meunier à 12,5 % de protéines sur une référence de prix Fob mer Noire sur les ports en eaux profondes de Russie.
Les volumes traités sur ce marché du blé russe sont extrêmement faibles comparativement aux 80 Mt produites chaque année en Russie et aux 38 Mt exportées par le pays.
D’autres projets de marchés à terme en blé sont en cours de réflexion sur la zone mer Noire que ce soit sur le blé Ukrainien ou à la Bourse de Moscou sur le blé Russe.
Conclusion : cocorico ! La France est bien placée
Ce tour du monde des contrats à terme du blé nous montre que toutes les grandes zones de production dans le monde ne sont pas aussi bien équipées les unes que les autres. Beaucoup de contrats à terme existent mais finalement, peu sont très actifs et très liquides.
A côté des farmers américains qui, depuis longue date, baignent dans l’univers des marchés à terme, les producteurs français sont bien placés.
Nous avons la chance d’avoir un contrat à terme blé Matif/Euronext :
Qui cote en €/t dans notre devise
Qui cote un blé meunier 11 % de protéines livrable sur les principaux ports français représentatif de notre principal marché directeur qu’est l’export pays-tiers.
Qui est très actif et liquide et qui permet de s’arbitrer sur 3 récoltes en même temps s’il le faut.
Les producteurs français sont donc parmi les mieux dotés au monde pour gérer au mieux leur risque de prix.
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Quand vendre quand les cours montent tout le temps ? Comment ne pas sortir trop tôt ou trop tard du marché ?
Certains problèmes sont plus agréables que d’autres à gérer lorsqu’ils surviennent. Bien vendre sa récolte dans un marché très haussier en est un.
Au premier abord, il y a peu de risque de se tromper lorsque même dans les creux les prix sont largement au-dessus des coûts de production.
Ce n’est pas une raison pour se laisser aller et bâcler l’exercice. Car chaque campagne compte. N’oublions pas que le seul moyen de passer sereinement les années de crise c’est d’avoir pu, dans les années favorables, faire de bonnes ventes et des réserves.
Pour réussir, tout est question de méthode et d’état d’esprit. Voici 10 points à utiliser pour bien vendre dans un marché haussier
1. (Re)Calculer son coût de production
Lorsque le marché devient haussier, c’est fréquemment à cause de mauvaises récoltes. Si vous êtes concerné par une baisse de rendement alors mécaniquement votre coût de production va augmenter.
L’autre facteur, c’est la hausse des engrais qui par exemple dans les années « haussières » va elle aussi augmenter votre coût de production.
Avant toute chose et avant de plonger dans l’euphorie de la hausse, il faut donc recalculer son coût de production sur la base de ces nouveaux paramètres. Cela permet de mieux juger de la pertinence des prix proposés.
2. Déterminer des objectifs de chiffre d’affaires en €/ha ou en €
Mon blé vaut 230 €/t. Pourquoi ne pas attendre 10 €/t de mieux ? Quand les cours atteignent des niveaux historiques et qu’ils progressent régulièrement cela est tentant d’attendre toujours un peu plus. Et voilà comment on se laisse aller dans le jeu de l’avidité.
Refaisons maintenant le même exercice en chiffres d’affaires à l’hectare, sur la base d’un rendement à 8t/ha :
Je peux fixer aujourd’hui un chiffre d’affaires à 1840 €/ha. Est-ce que cela vaut la peine d’attendre une hausse de prix pour atteindre 1920 € /ha ?
Toujours le même exercice avec cette fois-ci un chiffre d’affaires total sur la base de 100 ha de blé à 8t/ha :
Je peux fixer aujourd’hui un chiffre d’affaires à 184 000 €. Est-ce que cela vaut la peine d’attendre une hausse de prix pour atteindre 192 000 € ?
Travailler avec de « gros » chiffres, change généralement notre perception des choses et nous rend plus prudent. Plus mon chiffre repère est grand et moins j’aurai tendance à prendre de risque pour tenter plus.
3. Se fixer une grille de chiffre d’affaires
Qu’est-ce qu’un très bon prix ? Dans l’euphorie de la hausse, il n’est pas toujours facile de se rendre compte de la valeur des choses. Pour cela une seule solution, il faut prendre du recul.
L’idée est de construire une grille de chiffres d’affaires qui reprend les différents niveaux correspondant à la progression de ma situation économique.
Quand les prix sont très élevés, cette grille permet de vite juger objectivement de sa propre situation économique. Lorsque le marché me permet d’atteindre directement le niveau 3 ou le niveau 4, pourquoi encore attendre ?
4. Placer ses objectifs de vente sur les repères historiques de marché
Les records sont faits pour être battus. Preuve en est avec le colza qui au printemps 2021 a battu son record historique de prix qui datait pourtant de 2012 à 526 €/t sur Euronext. Mais avoir sous les yeux le graphique historique des cours permet de se situer et de se donner des objectifs cohérents. Le plus haut depuis 5 ans, le plus haut depuis 10 ans, le plus haut historique etc…
5. Maîtriser ses émotions
Lorsque le marché monte régulièrement et que le risque d’attendre paye de plus en plus, vous vous sentez invincible et invulnérable : tout marche et tout est facile ! C’est dans ces moments-là que l’on se rapproche de la catastrophe. Le cercle vicieux de l’avidité est enclenché !
Attention donc à la maîtrise de vos émotions. Quoi de mieux que de s’en rendre compte en regardant cette vidéo :
6. Se rappeler que les marchés chutent toujours beaucoup plus vite qu’ils ne montent
C’est un fait. Même si on n’y croit pas. Même si on l’oublie facilement. Même si quand cela arrive, cela fait mal. Il faut toujours avoir en tête que les marchés chutent toujours plus vite qu’ils ne montent. Alors prudence !
Pour savoir pourquoi, retrouver notre article de blog dédié spécifiquement au sujet :
7. Vendre régulièrement dans la hausse en fractionnant ses ventes
Vendre au plus haut : quelle utopie ! Pour la simple et bonne raison que le plus haut, on ne le connaît que lorsque le marché est redescendu. On peut même ajouter que le plus haut, on ne le connaît vraiment que lorsque la campagne est terminée !
Pour ne pas se laisser piéger à attendre et vendre trop tardivement dans la baisse, une solution consiste à fractionner ses ventes. A accompagner le mouvement haussier, étape par étape.C’est ce qui s’appelle vendre en « Scale Up » !
Vendre en « Scale-Up » ou « échelle montante » permet de construire progressivement et avec performance sa moyenne de vente.
8. Passer des ordres de vente permanents
Du blé à 250 €/t ? du Colza à 600 €/t ? Dans les mouvements de forte tension, ces prix sont atteignables. Mais une fois arrivés sur de tels niveaux, bien souvent l’euphorie nous emporte et on attend encore.
Outre l’autodiscipline que l’on peut s’imposer, il existe sur le marché à terme pour ceux qui y ont directement accès ou chez certains collecteurs, la possibilité de passer des ordres de ventes. Ces ordres dits permanents sont placés à l’avance sur un niveau d’objectif déterminé et supérieur. Si le marché atteint l’objectif, l’ordre est exécuté. Au moins on respecte sa stratégie et ses choix précédents.
9. Utiliser les prix minimums garantis via des stratégies à base d’options
Que choisir entre sécuriser de très hauts niveaux de revenu ou continuer de profiter de la hausse avec le risque de tout perdre ? Justement. Pour ne pas avoir ce choix cornélien à faire, les stratégies à base d’options vont permettre à la fois de sécuriser un prix minimum de vente et à la fois de continuer à profiter de la hausse. Pour en savoir plus, voici notre article de blog sur le sujet.
10. Utiliser l’analyse graphique pour détecter les changements de tendance
« Trend is your friend ». Cette maxime qui dit que la tendance est votre ami est bien connue des traders pratiquant l’analyse graphique. Elle incite à se laisser porter par la tendance et à vite vendre dès lors que le marché casse à la baisse et change de tendance. Encore faut-il détecter ce mouvement.
En utilisant tout ou partie de ces 10 points, vous serez armés pour bien vendre votre récolte dans un marché haussier. Malgré cela il ne faut pas oublier un élément essentiel qui est celui d’accéder à une réelle expertise de marché.
On ne peut pas tout prévoir et tout savoir sur les marchés. Et surtout pas sur des marchés où psychologie et finance viennent jouer les trouble-fêtes. Néanmoins l’expertise de marché, vous apportera la confiance nécessaire au déploiement de votre méthode de vente.
Savez-vous répondre à ces quelques questions :
La tension est-elle locale ou globale ?
La tension du marché est-elle moyenne, forte ou historique ?
La tension est-elle déjà reflétée dans les prix ou pas encore ?
Quelles sont les nouvelles haussières qui peuvent encore arriver dans le marché ?
Ces questions sont la clef de compréhension d’un marché haussier. Mais elles nécessitent un énorme travail d’analyse au préalable pour y répondre. C’est en combinant cette expertise de marché avec les différentes méthodes de gestion et de vente évoquées ci-dessus que vous atteindrez la performance que vous méritez.
Vous avez des questions sur votre situation ? Echangez avec l’équipe Captain Farmer dès maintenant ! Prenez rendez-vous directement ici : https://meetings.hubspot.com/pierre74
Semis direct, TCS, conventionnel… Pour cultiver du blé, du maïs ou du colza, plusieurs techniques agricoles existent. Pour vendre, c’est la même chose ! Plusieurs méthodes de commercialisation des céréales peuvent être utilisées. Ces outils qui se développent et se démocratisent depuis plus de 10 ans sont nombreux, à tel point que l’on peut s’y perdre… Surtout dès lors que l’on aborde tout ce qui touche aux marchés à terme et aux options. En réalité, chacun a son intérêt.
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méthode pour vendre ses céréales. Chacune répond à des besoins particuliers. Dites-moi ce que vous recherchez et je vous dirai quelle solution retenir.
Prix de marché ou prix de campagne ? Un choix d’entreprise !
Le prix de campagne pour déléguer ma commercialisation de céréales
Suis-je vraiment obligé d’avoir mon matériel, les connaissances techniques et le temps disponible pour produire ma récolte de céréales ? Ou est-ce que je peux déléguer tout cela ? A chacun de répondre à ce choix stratégique et structurel.
Il s’agit du même questionnement pour mes ventes.
Oui, cette activité peut être déléguée: c’est ce que proposent la plupart des collecteurs. Cela existe depuis l’avènement des coopératives dans les années 30 et c’est ce que l’on appelle la vente à prix de campagne ou prix d’acompte + complément.
Je délègue ma commercialisation de céréales à des professionnels.
Les avantages sont clairs : je gagne du temps, je n’ai plus besoin de suivre le marché ni de prendre de décisions. Le principal inconvénient est que mon prix final est connu tardivement. Il faut également accepter de perdre la maîtrise de ses ventes.
Assumer avec le prix de marché
Si:
J’adore suivre ce qu’il se passe sur les marchés et j’ai du temps à y consacrer.
Je trouve que prendre mes propres décisions de vente est un acte légitime et indissociable de mon métier de chef d’entreprise.
Je sais suivre et gérer mes prises de risque.
Je sais me décider et j’assume mes décisions.
Alors je vais moi-même m’occuper de mes ventes et choisir le « prix de marché ».
Le tout est de se sentir à l’aise et d’être serein dans le système que l’on a choisi.
Prix ferme ou marché à terme ? Une solution simple à l’issue définitive ? Ou une solution plus élaborée pour davantage de possibilités ?
C’est acquis, je souhaite m’occuper de mes propres ventes ! Deux grandes solutions s’offrent à moi :
La plus simple et la plus directe est de fixer mes ventes de manière définitive. Le prix proposé me satisfait ? Je vends ! Je signe un contrat de vente à prix ferme avec mon collecteur. Comme son nom l’indique, ce prix est définitif.
L’avantage est que si les cours se replient par la suite, j’ai sécurisé un bon prix. L’inconvénient est que si les cours progressent plus tard dans la campagne, je peux avoir le regret d’avoir vendu trop tôt. Attention également au risque de s’engager sur une qualité et quantité données de marchandise avant la récolte !
Je peux aussi choisir de ne pas fixer mon prix de manière définitive. Je vais alors me tourner vers les outils du marché à terme. J’y trouverai des solutions plus élaborées demandant probablement plus de technique et de suivi mais m’offrant davantage de possibilités pour réussir ma commercialisation de céréales.
M’assurer d’un prix minimum tout en continuant à profiter de la hausse ? Suis-je prêt à dépenser de l’argent pour cela ?
Pour ne pas perdre ma récolte avant la moisson, j’ai l’habitude de m’assurer contre les chutes de grêle. Alors pourquoi ne pas faire la même chose et m’assurer contre les chutes de prix ?
Afin de m’assurer d’un prix minimum garanti et bâtir une stratégie de commercialisation non risquée, il faudra investir un peu d’argent dans la prime d’assurance : les fameuses options nommées « calls » et « puts ».
En revanche, si je ne veux rien dépenser, d’autres solutions s’offrent à moi avec les contrats à terme ou les « lots matif ».
Call ou put ? Avant tout une question de logistique !
C’est décidé. J’accepte de dépenser un peu d’argent pour m’assurer d’un prix minimum. Après tout, quand on voit les risques engendrés par la volatilité des prix, souscrire une prime d’assurance pour quelques euros/tonne semble une mesure de prudence et de sécurité.
Reste à savoir que faire précisément désormais pour atteindre ce but. Là aussi, tout dépend de ma propre situation.
Le call pour les besoins de cash et le dégagement
J’ai besoin de trésorerie, je ne peux ou veux pas stocker ma production, ou tout simplement les prix physiques proposés sont compétitifs par rapport à la cotation de référence du marché à terme. Je réalise donc une vente couplée à un achat de call.
L’avantage est que si les prix baissent, la marchandise est vendue et mon revenu protégé. Je ne paie que la prime de mon option. Au contraire, si les prix montent, je peux exercer mon call et bénéficier de la hausse pour améliorer mon prix initial.
L’inconvénient reste qu’il faut débourser une prime pour acheter le call.
Le put pour assurer une marchandise en stock
Si au contraire je n’ai pas besoin de trésorerie, je peux ou veux stocker ma production, ou bien les prix physiques proposés ne sont pas compétitifs par rapport à la cotation de référence du marché à terme, alors je ne vends pas ma marchandise et j’achète un put.
Le principal avantage de cette stratégie est que le put me protège de la baisse des prix observée sur le marché terme. L’autre avantage est de pouvoir se protéger sans engager de marchandise physique notamment sur la période d’avant récolte où l’inconnue qualitative et quantitative est grande.
L’inconvénient reste qu’il faut débourser une prime pour acheter le put.
Les contrats à terme : pour élargir son pannel de stratégies de commercialisation.
Si je n’adhère pas à l’idée de dépenser un peu d’argent pour m’assurer d’un prix minimum garanti, je peux recourir aux autres solutions du marché à terme me permettant de fixer des prix sur mes céréales. Je vais alors pouvoir travailler sur les deux tableaux : à la fois les prix du marché à terme ainsi que mes prix physiques locaux. La différence entre ces deux prix est la base.
Fixer sa base sans fixer le prix final : pour profiter de la bonne tenue du marché local
Si l’écart de prix (« base ») constaté entre la cotation du marché à terme et le prix local est sur un niveau intéressant et me convient, alors autant le fixer avant qu’il ne se dégrade.
Cette solution s’appelle le contrat indexé marchés à terme ou indexé matif. Grâce à ce contrat, mon prix est fixé en deux temps :
D’abord, je bloque la base.
Ensuite, je fixe le prix sur le marché à terme Euronext (matif)
L’avantage est que je bloque la base à travers cette indexation. Je ne crains donc plus une dégradation de mon marché local.
L’inconvénient, c’est que mon risque de prix perdure tout le temps que je n’ai pas finalisé mon contrat en fixant également le prix « matif ».
Fixer le prix matif seulement : pour profiter de la bonne tenue du marché à terme
Si l’écart de prix (la « base ») constaté entre la cotation du marché à terme et le prix local est sur un niveau dégradé par rapport à l’historique et ne me convient pas, peut-être que la cotation du marché à terme, elle, me plaît.
Je peux alors me contenter de fixer ce prix marché à terme sans bloquer la base. C’est la vente de contrats à terme que l’on appelle encore des « lots matif ». Je suis donc dans le principe de couverture.
L’avantage est que je fixe et sécurise un certain prix sur le marché à terme. Je ne crains donc plus une dégradation des cours.
L’inconvénient est que la base n’est pas fixée et que le risque de subir une dégradation de mon marché local persiste.
Ne rien faire et attendre un meilleur prix : la solution la plus risquée !
J’arrive au bout de mes choix et rien ne me convient : ni le prix du marché à terme, ni la base. Par conséquent, je peux attendre de meilleurs niveaux, je poursuis ma spéculation et ma prise de risque. Ne rien faire est une solution après tout. Il faut juste avoir conscience du risque qui est pris.
L’avantage est de profiter de hausses. L’inconvénient est de souffrir des baisses.
Conclusion : à chaque objectif sa méthode
Difficile de dire si telle ou telle méthode de commercialisation des céréales est meilleure qu’une autre. Tout dépend de vos objectifs. Aujourd’hui, le champ des possibilités est très large. Autant en avoir connaissance pour choisir ce qu’il vous convient le mieux. Utiliser différentes stratégies, c’est aussi une démarche de bonne gestion : les avantages des unes compensant bien souvent l’inconvénient des autres.
Tableau de synthèse
Méthode
Principal objectif
Principal avantage
Principal inconvénient
Prix de campagne
Déléguer ma commercialisation de céréales
Je gagne du temps, je n’ai plus besoin de suivre le marché ni de prendre de décisions
Mon prix final de vente est connu tardivement et il faut accepter de perdre la maîtrise de ses ventes
Prix ferme
Fixer mes ventes de manière définitive
Si les cours se replient par la suite j’ai sécurisé un bon prix
Je peux avoir le regret d’avoir vendu trop tôt. Attention également au risque de s’engager sur une qualité et une quantité données de marchandise avant récolte
Vente de lots Euronext (matif)
Fixer un prix intéressant sur le marché à terme
Permet de profiter d’un prix intéressant sur le marché à terme même si mon marché local n’est pas attractif
Le risque de subir une dégradation de mon marché local persiste
Contrats indexés Euronext (matif)
Profiter d’un écart de prix (base) intéressant entre mon marché local et le marché à terme
Je fixe ma base et ne crains plus de dégradation de mon marché local
Mon risque de prix perdure tout le temps que je n’ai pas finalisé mon contrat en fixant également le prix « matif »
Vente + achat de call
Profiter d’une éventuelle hausse après avoir vendu
Constitution d’un prix minimum garanti apportant sécurité et exposition à la hausse
Prime à payer à l’achat du call
Pas de vente + achat de put
Protéger la marchandise non vendue d’une baisse
constitution d’un prix minimum garanti apportant sécurité et exposition à la hausse
Prime à payer à l’achat du put
Ne rien faire dans l’espoir d’un meilleur prix
Attente d’un meilleur prix global
Je profite de toutes les hausses
Je prends le risque de souffrir de toutes les baisses
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