Le plus haut arrive rarement à la fin de la campagne. Ainsi, 10 des 15 dernières campagnes ont connu une baisse des cours du blé sur la période allant du 15 février au 15 avril. Connaître cette statistique est essentiel pour bien gérer ses ventes sur la fin de campagne. Pourquoi une telle saisonnalité ? Quels sont les éléments à surveiller ? Voici nos réponses pour bien vendre son blé en fin d’hiver.
Se focaliser sur l’ancienne campagne : la fausse bonne idée !
Dans les années lourdes, les rebonds sont réduits
Lorsque les disponibilités sont très importantes, cela
signifie que les stocks sont là pour calmer toutes les ardeurs haussières du
marché. Il y a toujours de la marchandise qui ressort d’ici où là pour calmer
les hausses qui ne sont bien souvent que de faible ampleur et éphémères.
Pire encore, c’est souvent lorsqu’arrive la 2ème partie de campagne que l’on fait le bilan. Si les exportations sont insuffisantes et que les prévisions de stocks s’accroissent de manière colossale, les cours tendent à s’affaisser pour permettre au marché de trouver davantage de demande.
Dans les années tendues, l’ancienne campagne compte de moins en moins en fin d’hiver
Lorsque les disponibilités sont réduites, le marché doit
rationner la demande. C’est ce qu’il se passe à travers la hausse des prix. Les
prix ne montent pas jusqu’au dernier jour de la campagne.
Voici plusieurs raisons expliquant pourquoi la hausse s’arrête avant :
Il n’y a plus de surprises sur les récoltes ou sur l’export
En fin d’hiver, la récolte des blés de l’hémisphère sud est largement terminée. Les volumes de maïs sont connus depuis l’automne. Et la campagne export est largement avancée dans l’hémisphère nord. On en connaît d’ores et déjà la trajectoire et on sait dire si l’année aura été bonne à l’export ou pas. L’influence de l’ancienne campagne diminue donc progressivement. Les informations y sont généralement bien connues et déjà intégrées dans les prix. Il n’y pas plus de surprise à venir de ce côté-là !
Des couvertures faites à l’avance
Lorsque vous êtes industriel vous ne pouvez pas vous permettre la pénurie de matière première. Il est donc trop dangereux d’attendre le dernier moment pour acheter. Les couvertures sont ainsi réalisées plusieurs mois à l’avances. En Janvier-Février les acheteurs ont ainsi pratiquement couverts tous leurs besoins sur la fin de campagne.
Une consommation qui se rationne
Lorsque le cours d’une matière première est trop élevé, la vente du produit fini ralentie. Les consommateurs font plus attention et réduisent leurs achats. Si le prix du blé et donc le prix du pain flambe dans les pays les plus pauvres, les achats ralentissent.
Des substitutions se mettent en place
C’est surtout le cas en alimentation du bétail où les céréales sont substituables. Un blé trop cher et c’est tout de suite d’importants volumes d’orges et de maïs qui le remplace s’ils sont disponibles et moins cher. Lorsque l’on sait que 30% du blé est utilisé en alimentation du bétail çà réduit vite la demande.
L’importation soulage les tensions
Lorsque la pénurie est localisée et non mondialisée, le recours aux importations permet rapidement de combler le manque et de calmer les hausses de prix.
La demande se reporte vers la nouvelle campagne
Lorsqu’une campagne est très tendue, les cours de la nouvelle campagne sont généralement beaucoup moins chers. On dit que le marché est en « déport » ou en « inverse ». Cette forte décote de la prochaine campagne incite souvent les consommateurs ou les pays importateurs à ne pas acheter les besoins des derniers mois de campagne et à puiser au maximum dans leurs stocks. Ils achètent les volumes nécessaires sur le début de la nouvelle campagne pour beaucoup moins cher.
La spéculation change de « terrain de jeu »
Les opérateurs financiers qui vont venir spéculer sur le manque de marchandise sont dans l’anticipation. Ils achètent le plus tôt possible dès lors que les mauvaises productions sont anticipées et estimées. Une fois ces achats réalisés, leur impact haussier sur le marché est minimisé. Et au contraire à tout moment ils peuvent se mettre à revendre et à provoquer des chutes brutales des cours alors qu’il n’y a pas beaucoup de marchandise disponible.
C’est la nouvelle campagne qu’il faut suivre mais avec patience….
Nous voilà mi-mars ! Période où l’hiver n’est pas
totalement fini et où ne printemps n’a pas encore franchement débuté. Comme
pour le climat, sur le marché des grains c’est une période de transition.
L’ancienne campagne n’est pas tout à fait terminée et la nouvelle campagne n’est
pas pleinement lancée.
Mais c’est bien elle qui va avoir le plus d’influence. Car pour
relancer le marché à la hausse, il faut des inquiétudes sur la nouvelle
campagne.
Sauf qu’en sortie d’hiver, au mois de mars notamment il n’y
a généralement pas trop de surprises sur les cultures. Les surfaces emblavées
sont connues. Les conditions de l’hiver sont passées et le blé n’est pas à une
période extrêmement critique d’un point de vue climatique.
Il faudra attendre mai-juin pour que les prévisions de
production prennent réellement de l’importance dans le marché. Jusqu’à
l’obsession. Surtout lorsque la météo est capricieuse et que débute le
« weather market ».
N’oubliez pas que c’est le risque qui rémunère. Pas de risque sur les cultures, pas de prime de risque dans les cours.
Voilà pourquoi pour vendre son blé au bon moment, il ne faut généralement pas attendre la fin de l’hiver.
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« La première fois que j’ai entendu parler du MATIF c’est au tout début des années 2000. J’étais étudiant et passionné par le monde agricole. Les premiers articles de presse commençaient à aborder le sujet de la commercialisation. En 1999, l’Europe abaissait le fameux « prix d’intervention » de -15% supplémentaires sur les céréales après déjà l’avoir coupé de -30% en 1992. Les prix des céréales bougeaient. C’était une nouveauté !
C’est là que la solution miracle apparaissait : le MATIF!
Avec à chaque fois le même type d’article de presse : interview de M. Martin, céréalier dans le centre de la France et surtout stockeur à la ferme. Pour s’en sortir, M. Martin vend ses « lots » de colza sur le MATIF.
L’image est déjà faite pour moi. Des camions estampillés « MATIF » défilent dans la ferme de monsieur Martin pour charger du colza sous son boisseau.
Mais ce n’est pas tout. Je comprends aussi qu’utiliser le MATIF pour vendre son colza ou son blé c’est un moyen de vendre beaucoup plus cher que les autres. Quel veinard ce M. Martin !
Comment ça marche ? C’est encore très flou. Mais c’est
un peu comme une boite magique, un système qui sert à démultiplier les prix.
Quelques temps plus tard la coopérative nous propose sur la ferme familiale de « faire du MATIF » pour vendre du colza avant la moisson.
Tout une nouveauté ! Vendre à l’avance sa récolte pour avoir un meilleur prix ? Et tout cela grâce au MATIF ? On ne comprend toujours pas comment cela fonctionne, mais si tout le monde en parle et que cela nous fait gagner de l’argent, allons-y !
Mais quand même, finalement ce n’est pas si simple. Voilà qu’on nous parle de la « base » ? du fob Moselle ? du rendu Rouen ?
Tout s’est éclaircit lors de mes études, quand j’ai suivi ma première formation MATIF avec Agritel. Et depuis bientôt 20 ans désormais, c’est devenu mon quotidien. Rares sont les jours où je n’ai pas regardé ce que donnait le MATIF !!! »
Si vous aussi vous voulez mieux comprendre ce qu’est le MATIF et à quoi il sert vraiment, je vous invite à lire mon article.
Le secret pour réussir ses ventes de blé c’est de combiner une réelle expertise de marché à l’approche économique de son exploitation. On vous explique :
1. L’expertise de marché oui, mais la vraie !
A l’heure de l’information disponible en continue, de Google, Twitter et autres, c’est facile aujourd’hui de bien parler du marché d’hier. Mais pour avoir une idée précise sur la tendance de demain, c’est une autre histoire.
Il faut beaucoup travailler :
Etudier la production, la consommation, les stocks…
Surveiller les prix et détecter les mouvements graphiques
Analyser toutes les données de prix avec l’analyse quantitative
Suivre l’activité des fonds d’investissement, les prévisions météo, le commerce, les devises, le pétrole, l’économie
Et, il ne suffit pas de mettre tous ces éléments dans un super algorithme teinté d’intelligence artificielle pour réussir…
Car n’oublions pas que le marché dépend surtout de comportements humains inexploitables par un ordinateur ! Le commerce c’est avant tout des hommes et des femmes qui à travers le monde s’échangent leurs marchandises avec leurs doutes, leurs craintes, leurs peurs ou au contraire leur confiance, leurs convictions, leur euphorie.
Jouer aux apprentis sorciers et penser s’injecter 15 ans d’expérience de marché en intraveineuse est une utopie.
L’expérience du marché ne s’invente pas, elle est fondamentale !
Accepter l’incertitude pour gérer les risques
Tout cela n’évitera pas hélas les surprises et il faut l’accepter… Le krach boursier, l’épidémie animale, l’accident climatique, les crises géopolitiques. Mais plutôt que de tout jeter, de ne rien suivre et d’avancer dans l’inconnu, mieux vaut connaître le scénario le plus probable et s’y préparer.
La prévision de marché, c’est comme la météo ce n’est pas une science exacte. Mais franchement, qui peut se passer des prévisions météo ?
Calculs, gestion et discipline il n’y a que ça qui compte ! Vraiment ?
« Le marché est trop complexe, trop incertain. On ne peut pas tout prévoir. Le suivre ne sert à rien. »
C’est le discours de ceux qui en ont peur et qui ne le connaissent pas vraiment.
2. Pour réussir ses ventes de blé : se concentrer sur son exploitation
Calculer ses coûts de production et se fixer des objectifs de vente.
Il suffirait donc que j’attende que le marché grimpe et atteigne mes objectifs pour trouver le bonheur ?
Mais comment faire si le marché ne monte jamais ? Ou au contraire comment réagir si le marché s’envole une fois les objectifs de ventes déjà marqués ?
Il ne faut pas oublier que pour surpasser les années difficiles, on puise dans les économies accumulées durant les bonnes années. Il faut donc pouvoir profiter des hausses et ne pas tout avoir vendu avant !
Bien sûr qu’il faut tenir compte de la gestion de l’exploitation pour gérer ses ventes.
Qu’est-ce qu’un bon prix de vente si l’on ne sait pas à partir de quand l’on gagne de l’argent ?
Comment bien agir si les besoins de trésorerie n’ont pas été anticipés et nous poussent à vendre au pire moment ?
Déclencher ses ventes selon ses coûts de production c’est nécessaire pour se sécuriser. Mais cela n’est pas suffisant pour durer.
Conclusion : Pour réussir ses ventes de blé, il faut combiner expertise de marché et gestion de l’exploitation
Il ne faut pas opposer expertise de marché et bonne gestion de l’exploitation. Les deux approches de la commercialisation doivent être menées de front. Pour cela il faut s’inspirer de l’expérience et des pratiques des meilleurs farmers américains.
Le secret pour réussir ses ventes de blé, en résumé :
Bâtir un programme de vente sur l’année qui respecte les saisons et les besoins
Fixer des dates limites intégrées dans un cadre de gestion
Afficher ses objectifs de prix personnalisés
Ralentir ou accélérer le rythme des ventes en fonction de la tendance de marché prévue. Et c’est ce qui fait toute la différence !
Pour encore plus d’efficacité : ajoutez une petite proportion d’options. Bien dosé cela ne coûte pas cher et c’est tellement plus souple !
Adopter cette méthode sur votre exploitation c’est s’assurer d’une commercialisation sécurisée, performante et sans stress. Avec son application tout-en-un, Captain Farmer vous fera gagner du temps et de l’argent !
Non une chambre de compensation n’est pas l’endroit où viennent se reposer les traders éprouvés par leur activité dans la salle des marchés. C’est un organe essentiel au bon fonctionnement des marchés à termes et plus largement aux nombreuses transactions de produits financiers. Son rôle est simple : garantir la sécurité du marché.
Vendre ou acheter à l’avance, c’est un risque
Vous êtes-vous déjà posé la question du risque de vendre du blé à l’avance? Quand c’est une transaction de marchandise dite « physique » avec un interlocuteur local, c’est une chose. Mais quand c’est une transaction dite « papier » qui plus est avec un interlocuteur inconnu à l’autre bout du monde, c’est encore plus abstrait et donc plus risqué.
Si le vendeur ne peut pas honorer son engagement de
livraison car il n’a pas le volume nécessaire ou la qualité demandée que
devient l’acheteur alors que les prix ont fortement monté ?
Si l’acheteur disparaît car il n’a pas l’argent pour payer la marchandise, que devient le vendeur alors que les prix ont fortement chuté ?
C’est ce que l’on appelle le risque de contrepartie. L’une ou l’autre des parties (l’acheteur ou le vendeur) fait défaut dans la transaction commerciale.
Sur un marché de gré à gré avec livraison différée (sans garantie), si celui qui perd ne paye pas, alors celui qui gagne ne gagne pas. Au-delà des pertes bilatérales, la confiance est brisée pour tous les opérateurs du marché. Ils s’en vont. La liquidité s’essouffle et le marché meurt.
Certes les contrats signés sont là pour sécuriser la transaction, mais la sécurité juridique n’est pas toujours suffisante dans ces cas-là.
La chambre de compensation, ce tiers qui va garantir les transactions
Pour qu’un marché à livraison différée fonctionne bien, il faut une confiance mutuelle des opérateurs. Il faut que les vendeurs n’aient pas peur de vendre à n’importe qui et longtemps à l’avance et il faut que les acheteurs n’aient pas peur d’acheter à n’importe qui et longtemps à l’avance.
Cette confiance s’obtient dès lors que le risque de contrepartie est supprimé par l’intervention d’un tiers dont le rôle est de garantir la bonne fin des transactions. C’est la chambre de compensation.
Bien sûr, qu’il faut que A achète à B mais dans les faits A rend des comptes à la chambre de compensation et B aussi.
Si A ou B fait défaut, la chambre de compensation est là pour le remplacer. Elle garantit les transactions. Pour faire simple, la chambre de compensation, c’est un peu comme le « pot commun » des transactions.
Dépôt de garantie et appel de marge : les deux outils de la chambre de compensation
On l’a vu, la chambre de compensation a pour rôle d’assurer la bonne fin des transactions. Elle doit donc s’assurer que les acheteurs et les vendeurs sont capables d’aller « jusqu’au bout » de leur engagement. Chose bien compliquée dans un marché volatil dont la valeur évolue chaque jour. Pour « obliger » les vendeurs et les acheteurs à tenir leurs positions, la chambre de compensation va tout simplement leur demander des engagements financiers.
Le Dépôt de garantie permet de couvrir le risque de défaillance sur une journée
Quand l’on prend une position sur un marché à terme, le règlement a lieu à l’échéance. A l’entrée l’acheteur n’a donc rien à payer (hormis les frais de transaction) et le vendeur rien à recevoir.
Pour davantage d’engagement financier de leur part, la chambre de compensation va donc demander à l’acheteur ET au vendeur un « déposit » ou « dépôt de garantie« . Cette « caution » leur sera rendue à la sortie, c’est à dire au débouclage de leur position. Cette somme qui correspond à environ 5 à 10 % de la valeur faciale du contrat à terme peut être réévaluée dans le temps selon l’évolution du marché.
L’appel de marge permet de détecter les problèmes au jour le jour et de ne pas laisser filer les pertes.
Pour encore plus d’engagement, la chambre de compensation va évaluer les gains et pertes latentes de chaque opérateur chaque soir après la clôture du marché, sur la base du cours de compensation reflétant les dernières transactions. Les opérateurs en situation de pertes latentes se voient débités de leurs pertes. Et, à contrario, les opérateurs en situation de gains latents se voient crédités de leurs gains.
La chambre de compensation va donc procéder à des appels de marge pour au-final mettre la balance du marché à zéro tous les jours. En effet, tous ceux qui perdent doivent verser au jour le jour le montant de ces pertes latentes et ceux qui gagnent reçoivent au jour le jour le montant de leurs gains latents.
Dès qu’un opérateur, en manque de liquidités, ne peut plus assurer son «appel de marge » quotidien, il est sorti du marché. Dans ce cas le dépôt de garantie couvrira la journée manquante pour la chambre de compensation.
Cas concret du rôle joué par la chambre de compensation :
Jour
Opérateur A
Opérateur B
Chambre de compensation
Jour 1 En cours de session
achète 1 contrat de 50 t à 200 €/t sur l’échéance Janvier
vend 1 contrat de 50 t à 200 €/t sur l’échéance Janvier
Jour 1 A la clôture : Le cours de compensation est défini à 198 €/t
A est débité d’1 dépôt de garantie de 500 € Et est débité de -2 €/t d’appel de marge car il est en situation de perte latente de -2 €/t.
B est débité d’1 dépôts de garantie de 500 € Et est crédité de +2 €/t d’appel de marge car il est en situation de gain latent de +2 €/t
La chambre de compensation détient le dépôt de garantie du vendeur et le dépôt de garantie de l’acheteur. Les pertes latentes ont été débitées et les gains latents ont été crédités.
Jour 2 A la clôture Le cours de compensation est défini à 195 €/t
A est débité de -3 €/t d’appel de marge supplémentaires par rapport à la veille car il est en situation de perte latente de -5 €/t
B est crédité de +3 €/t d’appel de marge supplémentaire par rapport à la veille car il est en situation de gain latente de +5 €/t
La chambre de compensation détient le dépôt de garantie du vendeur et le dépôt de garantie de l’acheteur. Les pertes latentes ont été débitées et les gains latents ont été crédités.
Jour 3 A la clôture Le cours de compensation est défini à 191 €/t
A est en situation de perte latente de -9 €/t. Il n’a plus d’argent pour faire face aux 4 €/t d’appel de marché supplémentaire qui lui sont demandés par la chambre de compensation.
B est crédité de +4 €/t d’appel de marge supplémentaire par rapport à la veille car il est en situation de gain latent de +9 €/t
La chambre de compensation détient le dépôt de garantie du vendeur, le dépôt de garantie de l’acheteur. Les gains latents ont été crédités.
La perte latente est en défaut de paiement
Jour 4 Le marché traite à 191 €/t
La position de A est liquidée (vendue) au cours de 191 €/t à un nouvel opérateur C . La perte de 4 €/t (soit 250 € au total) non versée à la Chambre de compensation est couverte par le dépôt de garantie. Seuls 250 € sur 500 € du dépôt de garantie initial sont reversés à A.
B détient toujours sa position de vente de 1 contrat. De l’autre côté du marché c’est désormais l’opérateur C qui est en position d’achat
B voit sa transaction garantie malgré de défaut de A grâce aux mécanismes offerts par la chambre de compensation
En conclusion, la chambre de compensation est bel et bien l’organe central sur un marché à terme. C’est elle qui permet de garantir la bonne fin des transactions. Et c’est grâce à son action que les opérateurs ont confiance dans le marché et y interviennent à l’achat comme à la vente.
Sur le marché à terme Euronext, la chambre de compensation utilisée est la société LCH Clearnet. Ainsi lorsque vous prenez directement position à travers des contrats à terme sur Euronext ou que vous passez par l’intermédiaire de votre OS pour cela, cette transaction financière est garantie.
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La première image qui vient en tête lorsque l’on parle de
commercialisation du blé c’est celle d’un céréalier qui possède un stockage
pour sa récolte. Dans l’esprit de tous, ce « stockeur » va mieux
maîtriser le marché et va mieux vendre sa récolte.
Cette image s’est construite jusqu’au début des années 2000, où stocker était l’assurance de vendre plus cher. Un prix bas toute l’année collé sur l’intervention (155 €/t rendu silo). Avec 0,93 €/t de majorations mensuelles, c’était l’assurance de vendre + 5,58 €/t en janvier et + 9,3 €/t en mai qu’à la moisson.
Mais depuis les choses ont bien changé. Il n’y a plus de prix garanti via l’intervention et la volatilité atteint désormais des amplitudes de 50 €/T par campagne en moyenne.
Il n’y a plus de bonne période pour vendre !
Voici le relevé des plus hauts prix négociés par campagne depuis 13 ans (référence blé Euronext)
Moment de plus haut
Nombre d’années
Avant récolte
6 années
A la moisson
3 années
Après récolte
4 années
Le relevé de prix réalisé sur les 13 précédentes campagnes nous montre bien que la période d’atteinte du plus haut de campagne est très variable. Sur cette période de référence, il n’y a que 3 chances sur 10 que le plus haut de marché soit atteint après la récolte. Cela rend l’activité de stockage à très haut risque pour le prix de vente de la marchandise s’il n’est pas sécurisé au-préalable.
Stocker son blé n’est pas une garantie de réussite
Pouvoir vendre plus tard qu’à la récolte n’est pas signe de réussite. C’est même pire! Cela pousse au vice : cette latitude permise par le stockage semble faire oublier de profiter des bonnes opportunités avant récolte ou en période de moisson.
Le meilleur exemple est la récolte 2007 avec un pic début septembre à 300 €/t sur le Matif puis de nouveau 298 €/t en février. Dans ce cas, stocker et vendre tardivement se montre comme la stratégie gagnante. Cela a donné l’envie à beaucoup de producteurs d’investir dans du stockage pour l’année 2008. Malgré des propositions alléchantes à plus de 220 €/t avant moisson pas question de vendre car quand on a un nouveau stockage c’est pour vendre tardivement. Ils ont eu tort puisqu’après la récolte les prix ont chuté pour se stabiliser autour des 120 €/t, soit 100 €/T de moins!
Ce n’est pas parce que l’on a du stockage qu’il ne faut pas profiter des opportunités de prix avant récolte
Fixer son prix de vente lorsqu’il est rémunérateur bien avant la moisson n’est pas antagoniste avec l’activité de stockage. Il suffit de choisir une période de livraison tardive qui permettra de profiter des majorations de stockage et d’éviter la pression récolte. En effet, les livraisons de blé en pleine moisson sont généralement moins bien valorisées par le marché. Les acheteurs acceptent d’absorber les surplus mis en vente qu’avec des prix discountés en moisson.
Je peux ainsi vendre mon blé juste avant ou à la moisson le garder en stock et choisir une date de livraison plus éloignée dans l’automne, l’hiver ou même le printemps suivant.
Comment profiter de la hausse sans stocker son blé?
Il existe au moins 4 façons différentes qui permettent de pouvoir profiter de la hausse des cours après récolte sans posséder de stockage à la ferme :
La mise en dépôt
Je livre ma récolte chez mon OS à la moisson et je paye des frais pour qu’il me la stocke jusqu’au moment où je décide d’en fixer le prix de vente.
Avantages
Inconvénients
– Je profite de la hausse sans stocker à la ferme
– J’ai des frais de stockage – Je dois respecter la date limite de fixation de mon prix – J’ai un risque de chute des cours
Le prix à fixer ultérieurement ou l’indexé matif
Je livre ma récolte chez mon OS à la moisson. Il me verse une avance de trésorerie et je fixe mon prix final de vente quand je le souhaite (en étant indexé ou non sur le Matif). Les frais de stockage sont généralement intégrés à mon prix de vente.
Avantages
Inconvénients
– Je profite de la hausse sans stocker à la ferme – J’ai de la trésorerie disponible dès la récolte
– Je souffre de la pression récolte – Je dois respecter la date limite de fixation de mon prix – J’ai un risque de chute des cours
L’arbitrage sur le Matif
Je livre et vend ma récolte chez mon OS à la moisson. Je rachète le tonnage équivalent sur le marché à terme. Je revends mes lots le jour où je décide de fixer mon prix final. Si les cours progressent la plus-value sur le marché à terme améliore mon prix de vente initial. Si les cours chutent la moins-value sur le marché à terme dégrade mon prix vente initial.
Avantages
Inconvénients
– Je profite de la hausse sans stocker à la ferme – J’ai de la trésorerie disponible dès la récolte
– Je souffre de la pression récolte – J’ai des frais financiers liés au marché à terme – J’ai un risque de chute des cours
Je vends ma marchandise à la récolte et j’achète, moyennant le paiement d’une prime, des calls sur le marché à terme. Je prendrai des profits sur mes calls le jour où je le décide. Si les cours montent, la plus-value réalisée avec mes calls améliore mon prix de vente initial. Si les cours chutent, mon prix de vente est garanti sur la base du prix de vente initial moins la prime.
Avantages
Inconvénients
– Je profite de la hausse sans stocker à la ferme – J’ai de la trésorerie disponible dès la récolte – Mon prix de vente minimum est connu dès la moisson
– Je souffre de la pression récolte – Je dois faire attention à la date limite d’échéance du call – Je paye une prime d’option
Pourquoi stocker son blé à la ferme en 2019 ?
Si cette opération est réalisée dans l’unique but de pouvoir
attendre longtemps après la récolte dans l’espoir de profiter d’une éventuelle
hausse des cours, d’autres alternatives existent via les solutions offertes par
le marché à terme ou par les collecteurs. Ainsi, il n’est pas nécessaire de
stocker pour fixer son prix de vente au bon moment.
Toutefois, le stockage peut avoir, au-delà de l’effet « hausse des prix », de réels intérêts économiques aux multiples facettes :
Stocker son blé c’est souvent une optimisation logistique qui améliore la performance des chantiers de récolte lorsque les silos des OS sont éloignés, lents ou aux horaires restreints.
Stocker son blé c’est le moyen d’accéder à certainscontrats qualitatifs qui nécessite un allotement à la ferme, minutieux et précis.
Stocker son blé c’est éviter la fameuse pression récolte et aussi de profiter des majorations de stockage offertes par le marché.
Stocker son blé c’est la possibilité de travailler son grain pour en améliorer la qualité.
Stocker son blé c’est dans certain cas particuliers la possibilité d’optimisation fiscale mais aussi de pratiquer des reports de campagne lorsque les conditions de marché le nécessitent.
Stocker son blé c’est enfin la possibilité d’élargir le panel de ses acheteurs.
Au-delà de l’investissement dans les installations de
stockage à la ferme, il ne faut pas perdre de vue que le stockage c’est avant tout
une problématique de conservation de marchandise qui doit rester saine, loyale
et marchande dans le temps.
Pour conclure, il n’est pas nécessaire de stocker son blé
pour bien le vendre. Mais, stocker son blé pour le livrer plus tard qu’à la
moisson apporte de réels intérêts économiques.
La clef de la réussite consiste donc à séparer l’aspect
gestion du risque de prix et la partie logistique.
La bonne optimisation c’est en effet de pouvoir démembrer la période de fixation du prix de la période de livraison.
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