Vendre au bon moment c’est savoir profiter de prix favorables pour couvrir ses coûts de production et dégager une marge satisfaisante. Mais c’est aussi savoir attendre parfois de longues semaines ou de longs mois sans rien faire. Ou à l’inverse saisir très rapidement la furtive opportunité qui se présente.
Pratiquer cet art est difficile car la certitude n’existe pas sur le marché.
Pour leur commercialisation, beaucoup y vont donc par tâtonnement. Espérant faire plus souvent « de bons coups » que de « mauvais coups ». Glânant ici ou là quelques informations de marché gratuites. Suivant les cours du matif. Vendant un peu avant, pendant et après la récolte.
Mais pourtant ne dit-on pas que gérer c’est prévoir ? Avoir un scénario de marché en tête, des objectifs de prix, des éléments à surveiller, des dates clefs à observer. Tout cela est tellement plus confortable …
Encore une fois, les boules de cristal n’existent pas et les plus hauts du marché des céréales on ne les connaît qu’après. Mais éclaircir un peu sa route est toujours moins dangereux que d’avancer tête baissée dans le brouillard !
Court ou long terme ? A chaque période son analyse !
L’analyse fondamentale pour déterminer la direction à long-terme
L’analyse fondamentale, qui étudie tous les paramètres de l’offre et de la demande sert à déterminer si le marché doit monter ou baisser pour s’équilibrer.
Quand l’offre est supérieure à la demande : Les prix vont baisser pour stimuler davantage de demande, inciter les producteurs à stocker à désintensifier leurs productions ou à réduire leurs emblavements futurs.
Quand l’offre est inférieure à la demande : les prix vont monter pour réduire la demande, inciter les producteurs à déstocker à intensifier leurs productions ou à maximiser leurs emblavements futurs.
Certes les problèmes climatiques peuvent être brutaux et faire rapidement chuter l’offre prévisionnelle de l’année. Mais à l’inverse on n’augmente pas du jour au lendemain les assolements et les rendements. Quant à la demande elle a beaucoup plus d’inertie. On ne réduit pas ou ne stimule pas du jour au lendemain la consommation des élevages, des populations ou des programmes de biocarburants.
Voilà pourquoi, à l’exception des accidents climatiques, l’analyse fondamentale est plutôt à prendre en compte à moyen et long-terme, à 3, 6 ou 12 mois.
L’analyse graphique pour capter la psychologie du moment
L’analyse fondamentale apporte des arguments sur le niveau de prix à atteindre par le marché, qu’ils soient élevés ou pas. Elle nous donne peu d’indication sur l’itinéraire que va emprunter le marché pour atteindre cet objectif. Ce chemin sera le fruit de l’opposition entre les acheteurs et les vendeurs. Et là tout est question de psychologie.
Suivre et anticiper le marché nécessite d’en capter l’ambiance. Quel est la psychologie du moment ?
Mettre des mots sur la situation des marchés. C’est ce que permet l’analyse graphique. Elle va pouvoir donner des indications et des repères à long terme mais c’est bien sur le court-terme qu’elle sera la plus pertinente et complètera parfaitement l’analyse fondamentale.
Car quand les prix sont déjà très chers et conforme à l’analyse fondamentale des mois passés : Comment détecter la fin de la hausse ? comment détecter le plafonnement du marché, son retournement baissier voir son effondrement ?
A l’inverse quand les prix sont déjà très bas et conforme à l’analyse fondamentale des mois passés : Comment détecter la fin de la baisse ? comment détecter la stabilisation du marché, son retournement haussier voir son rebond
Pourquoi l’analyse graphique ?
Pour suivre les marchés financiers :
L’analyse graphique se base sur la visualisation des cours. Il faut d’ailleurs qu’un grand nombre d’opérateurs l’utilise pour qu’elle fonctionne. Agissant en quelque sorte comme de l’auto-réalisation : C’est parce que tout le monde suit et réagit au même graphique que cela fonctionne.
Voilà pourquoi l’analyse sera surtout pertinente sur les marchés financiers transparents et liquides. Sur le marché des grains on va l’utiliser sur le matif ou sur les contrats nord-américains du CME (ex CBOT) à Chicago ou de l’ICE à Winnipeg.
Pour détecter les tendances
Le postulat de base est que la courbe sur le graphique est la trace laissée par le rapport de force entre les acheteurs et les vendeurs.
Lorsque le camp des acheteurs domine une tendance haussière émerge. Lorsque le camp des vendeurs domine, c’est une tendance baissière qui est observée .
Parfois le rapport de force est erratique et c’est l’indécision qui domine.
Le but de l’analyse graphique est d’identifier les moments où le marché évolue en tendance. De l’émergence jusqu’à l’épuisement du mouvement.
Le plus important étant d’identifier les changements de tendance. Ce serait dommage de capituler et vendre la veille d’un retournement haussier. Comme il serait dommage de ne pas vendre sur une très grosse cassure de tendance haussière.
Pour détecter les bons points de vente
Autre postulat de l’analyse graphique : le marché a une mémoire et les investisseurs ont des modèles de comportement connus. Il existe des niveaux de prix importants qui ont par le passé généré d’importantes batailles entre acheteurs et vendeurs. Le marché s’en souvient.
Ces niveaux agissent tels des plafonds ou des plancher pour les cours. Les fameux supports et résistances. Les détecter est indispensable pour bien place ses ordres de vente.
Lorsque l’on est sur un niveau plancher, autant attendre un retour sur le plafond avant de vendre. A l’inverse, si ce plancher cède, c’est peut-être le moment de vendre.
Conclusion : exemple du blé Euronext Mai 2021
Vendre au bon moment ce n’est pas tout vendre d’un coup. C’est fractionner ses ventes tout au long de la campagne et faire de la gestion du risque. Encore faut-il vendre plus souvent sur les pics que dans creux pour obtenir une bonne moyenne de vente. Tel est l’objectif que permettra d’atteindre l’analyse graphique. Voici un exemple sur le blé Euronext récolte 2020 :
Dans un prochain article nous rentrerons dans le détail de ces tendances, des bougies, des figures et de tous les outils nécessaires à l’analyse graphique.
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La base est l’écart constaté entre le prix auquel je suis payé en tant que producteur et la cotation du marché à terme Euronext (MATIF). Exemple : Si je peux vendre aujourd’hui 100 t de blé livraison décembre 2020 à 193 €/t départ ferme et que l’échéance Euronext Décembre 2020 cote 210 €/t, j’ai une base de 193-210 = -17 €/t
On parle aussi de prime, ce qui est la même chose que la base.
2. La base est-elle positive ou négative ?
Les lieux de cotation des contrats à terme étant généralement des débouchés portuaires, la cotation y est supérieure à mon prix départ ferme, ne serait-ce que pour une question de coût de transport, donc la base est pour moi, généralement négative.
Mais elle peut aussi être positive lorsque ma marchandise est d’une meilleure qualité que celle cotée sur le marché à terme. C’est par exemple le cas avec un blé de force valant : blé tendre standard +30 €/t de prime qualité, ou ce sera le cas d’un colza à 43 % d’huile qui, lorsque le marché est à 400 €/t base 40% d’huile, dispose de 18 €/t de prime d’huile.
3. Ma base s’est dégradée, c’est donc que mon collecteur prend davantage de marge ?
Par facilité, beaucoup assimilent la base aux coûts de transport qui me séparent du lieu de cotation Euronext et à la marge de ma coopérative ou de mon négociant. Mais le raccourci est un peu trop rapide, car en réalité mon blé ne va pas forcément à Rouen, ni mon colza sur la Moselle (points de livraison Euronext).
Ma production est mise en marché par mon collecteur sur le meilleur débouché possible à tout moment. Lorsque la base se dégrade, ce n’est pas mon collecteur qui prend plus de marge mais tout simplement le marché local qui se dégrade par rapport à la cotation Euronext.
4. Quelle interprétation faire d’une base qui se dégrade ou qui s’améliore ?
Lorsque ma base se dégrade, c’est le signe d’un marché physique local en perte de vitesse par rapport au marché à terme. On est dans un flux poussé. Cela veut dire que le marché est bien pourvu et ne veut pas de ma marchandise que je lui propose.
Lorsque ma base s’améliore c’est le signe d’un marché physique qui se tend davantage que le marché à terme. On est dans un flux tiré. Cela veut dire que le marché est en demande et a besoin de ma marchandise qu’il appelle.
5. Si la base n’est pas bonne, faut-il attendre avant de vendre sa marchandise ?
Non pas forcément. Mieux vaut vendre du blé avec un matif à 210 €/t et une base à -30 €/t (210-30 = 180 €/t) que de vendre du blé avec un matif à 190 €/T et une base à -15 €/t (190-15=175 €/t)
6. Comment puis-je suivre ma base ?
Il n’y a pas de marché de la base. Pour la suivre, il faut se renseigner sur les offres de prix physique et calculer sa base par rapport au prix Euronext. En faisant cet exercice régulièrement et au fur et à mesure des campagnes, on se rend compte de ce qu’est une base moyenne, dégradée ou bonne.
Attention, pour faire le calcul, il faut prendre une échéance qui correspond à la période de livraison.
7. Pourquoi tous les OS n’ont pas la même base à tout moment ?
Pour juger, il faut pouvoir comparer ce qui est comparable. Beaucoup de questions sont donc à se poser pour comparer deux offres commerciales et donc deux bases : Est-ce une livraison moisson ou une livraison après moisson ? Quel est le délai de paiement ? Quelle qualité de marchandise ? Quel barème de réfaction ? Quelle sécurité de paiement ? Est-ce du départ ferme ou du rendu silo ?
Toutes choses égales par ailleurs, une différence de base peut s’expliquer par une différence de débouché. Un collecteur peut à un moment donné, avoir profité d’un marché plus porteur qu’un autre et vice-versa. Certains collecteurs peuvent avoir par exemple des contrats en filière mieux valorisés.
8. Quel est l’intérêt de fixer sa base à l’avance ?
Lorsque l’on a bien compris que le prix final était composé de la cotation Euronext et de la base, on peut séparer la fixation de ces deux paramètres.
Le même jour, le prix Euronext est bas à 160 €/t et ne me satisfait pas. Je ne le fixe pas. A contrario je peux fixer à l’avance une base de -15 €/t contre -20 €/t habituellement. Cela me satisfait, je la fixe. Ainsi, mon prix final qui n’est pas fixé sera de Euronext -15 €/t contre une moyenne habituelle à Euronext -20 €/t.
J’ai profité d’un marché porteur à un moment donné pour sécuriser mon débouché, sans avoir fixé mon prix final. Attention, dans ce cas, je reste exposé à une baisse de prix sur le marché à terme.
Pour en savoir plus sur comment choisir mon mode de commercialisation cliquez ici.
9. Comment optimiser la gestion de la base avec les options ?
Une base favorable, signe d’un marché qui tire, m’incitera à vendre ma marchandise physique et à acheter un call pour continuer à profiter de la hausse. L’amélioration de la base financera d’ailleurs une partie de ce call.
Une base défavorable, signe d’un marché lourd et sans demande, m’incitera à ne pas vendre ma marchandise physique et à acheter un put pour me protéger d’une chute des cours. Si le marché se réveille un jour, je pourrai en profiter tant sur la base que sur la cotation Euronext.
10. Peut-on parler de base en orge fourragère ?
Il n’existe pas de contrat à terme sur l’orge fourragère à ce jour. Mais beaucoup de transactions d’orges fourragères se font « en indexé » sur le contrat blé meunier d’Euronext. Donc oui, on peut parler de base en orge fourragère. Simplement, comme orge et blé ne sont pas les mêmes produits, cette base fluctue très fortement.
Ainsi, l’orge fourragère rendu Rouen entre 2017 et 2020 a fluctué entre -40 €/t et +10 €/t par rapport au blé Euronext avec une moyenne de -10 €/t.
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Semis direct, TCS, conventionnel… Pour cultiver du blé, du maïs ou du colza, plusieurs techniques agricoles existent. Pour vendre, c’est la même chose ! Plusieurs méthodes de commercialisation des céréales peuvent être utilisées. Ces outils qui se développent et se démocratisent depuis plus de 10 ans sont nombreux, à tel point que l’on peut s’y perdre… Surtout dès lors que l’on aborde tout ce qui touche aux marchés à terme et aux options. En réalité, chacun a son intérêt.
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méthode pour vendre ses céréales. Chacune répond à des besoins particuliers. Dites-moi ce que vous recherchez et je vous dirai quelle solution retenir.
Prix de marché ou prix de campagne ? Un choix d’entreprise !
Le prix de campagne pour déléguer ma commercialisation de céréales
Suis-je vraiment obligé d’avoir mon matériel, les connaissances techniques et le temps disponible pour produire ma récolte de céréales ? Ou est-ce que je peux déléguer tout cela ? A chacun de répondre à ce choix stratégique et structurel.
Il s’agit du même questionnement pour mes ventes.
Oui, cette activité peut être déléguée: c’est ce que proposent la plupart des collecteurs. Cela existe depuis l’avènement des coopératives dans les années 30 et c’est ce que l’on appelle la vente à prix de campagne ou prix d’acompte + complément.
Je délègue ma commercialisation de céréales à des professionnels.
Les avantages sont clairs : je gagne du temps, je n’ai plus besoin de suivre le marché ni de prendre de décisions. Le principal inconvénient est que mon prix final est connu tardivement. Il faut également accepter de perdre la maîtrise de ses ventes.
Assumer avec le prix de marché
Si:
J’adore suivre ce qu’il se passe sur les marchés et j’ai du temps à y consacrer.
Je trouve que prendre mes propres décisions de vente est un acte légitime et indissociable de mon métier de chef d’entreprise.
Je sais suivre et gérer mes prises de risque.
Je sais me décider et j’assume mes décisions.
Alors je vais moi-même m’occuper de mes ventes et choisir le « prix de marché ».
Le tout est de se sentir à l’aise et d’être serein dans le système que l’on a choisi.
Prix ferme ou marché à terme ? Une solution simple à l’issue définitive ? Ou une solution plus élaborée pour davantage de possibilités ?
C’est acquis, je souhaite m’occuper de mes propres ventes ! Deux grandes solutions s’offrent à moi :
La plus simple et la plus directe est de fixer mes ventes de manière définitive. Le prix proposé me satisfait ? Je vends ! Je signe un contrat de vente à prix ferme avec mon collecteur. Comme son nom l’indique, ce prix est définitif.
L’avantage est que si les cours se replient par la suite, j’ai sécurisé un bon prix. L’inconvénient est que si les cours progressent plus tard dans la campagne, je peux avoir le regret d’avoir vendu trop tôt. Attention également au risque de s’engager sur une qualité et quantité données de marchandise avant la récolte !
Je peux aussi choisir de ne pas fixer mon prix de manière définitive. Je vais alors me tourner vers les outils du marché à terme. J’y trouverai des solutions plus élaborées demandant probablement plus de technique et de suivi mais m’offrant davantage de possibilités pour réussir ma commercialisation de céréales.
M’assurer d’un prix minimum tout en continuant à profiter de la hausse ? Suis-je prêt à dépenser de l’argent pour cela ?
Pour ne pas perdre ma récolte avant la moisson, j’ai l’habitude de m’assurer contre les chutes de grêle. Alors pourquoi ne pas faire la même chose et m’assurer contre les chutes de prix ?
Afin de m’assurer d’un prix minimum garanti et bâtir une stratégie de commercialisation non risquée, il faudra investir un peu d’argent dans la prime d’assurance : les fameuses options nommées « calls » et « puts ».
En revanche, si je ne veux rien dépenser, d’autres solutions s’offrent à moi avec les contrats à terme ou les « lots matif ».
Call ou put ? Avant tout une question de logistique !
C’est décidé. J’accepte de dépenser un peu d’argent pour m’assurer d’un prix minimum. Après tout, quand on voit les risques engendrés par la volatilité des prix, souscrire une prime d’assurance pour quelques euros/tonne semble une mesure de prudence et de sécurité.
Reste à savoir que faire précisément désormais pour atteindre ce but. Là aussi, tout dépend de ma propre situation.
Le call pour les besoins de cash et le dégagement
J’ai besoin de trésorerie, je ne peux ou veux pas stocker ma production, ou tout simplement les prix physiques proposés sont compétitifs par rapport à la cotation de référence du marché à terme. Je réalise donc une vente couplée à un achat de call.
L’avantage est que si les prix baissent, la marchandise est vendue et mon revenu protégé. Je ne paie que la prime de mon option. Au contraire, si les prix montent, je peux exercer mon call et bénéficier de la hausse pour améliorer mon prix initial.
L’inconvénient reste qu’il faut débourser une prime pour acheter le call.
Le put pour assurer une marchandise en stock
Si au contraire je n’ai pas besoin de trésorerie, je peux ou veux stocker ma production, ou bien les prix physiques proposés ne sont pas compétitifs par rapport à la cotation de référence du marché à terme, alors je ne vends pas ma marchandise et j’achète un put.
Le principal avantage de cette stratégie est que le put me protège de la baisse des prix observée sur le marché terme. L’autre avantage est de pouvoir se protéger sans engager de marchandise physique notamment sur la période d’avant récolte où l’inconnue qualitative et quantitative est grande.
L’inconvénient reste qu’il faut débourser une prime pour acheter le put.
Les contrats à terme : pour élargir son pannel de stratégies de commercialisation.
Si je n’adhère pas à l’idée de dépenser un peu d’argent pour m’assurer d’un prix minimum garanti, je peux recourir aux autres solutions du marché à terme me permettant de fixer des prix sur mes céréales. Je vais alors pouvoir travailler sur les deux tableaux : à la fois les prix du marché à terme ainsi que mes prix physiques locaux. La différence entre ces deux prix est la base.
Fixer sa base sans fixer le prix final : pour profiter de la bonne tenue du marché local
Si l’écart de prix (« base ») constaté entre la cotation du marché à terme et le prix local est sur un niveau intéressant et me convient, alors autant le fixer avant qu’il ne se dégrade.
Cette solution s’appelle le contrat indexé marchés à terme ou indexé matif. Grâce à ce contrat, mon prix est fixé en deux temps :
D’abord, je bloque la base.
Ensuite, je fixe le prix sur le marché à terme Euronext (matif)
L’avantage est que je bloque la base à travers cette indexation. Je ne crains donc plus une dégradation de mon marché local.
L’inconvénient, c’est que mon risque de prix perdure tout le temps que je n’ai pas finalisé mon contrat en fixant également le prix « matif ».
Fixer le prix matif seulement : pour profiter de la bonne tenue du marché à terme
Si l’écart de prix (la « base ») constaté entre la cotation du marché à terme et le prix local est sur un niveau dégradé par rapport à l’historique et ne me convient pas, peut-être que la cotation du marché à terme, elle, me plaît.
Je peux alors me contenter de fixer ce prix marché à terme sans bloquer la base. C’est la vente de contrats à terme que l’on appelle encore des « lots matif ». Je suis donc dans le principe de couverture.
L’avantage est que je fixe et sécurise un certain prix sur le marché à terme. Je ne crains donc plus une dégradation des cours.
L’inconvénient est que la base n’est pas fixée et que le risque de subir une dégradation de mon marché local persiste.
Ne rien faire et attendre un meilleur prix : la solution la plus risquée !
J’arrive au bout de mes choix et rien ne me convient : ni le prix du marché à terme, ni la base. Par conséquent, je peux attendre de meilleurs niveaux, je poursuis ma spéculation et ma prise de risque. Ne rien faire est une solution après tout. Il faut juste avoir conscience du risque qui est pris.
L’avantage est de profiter de hausses. L’inconvénient est de souffrir des baisses.
Conclusion : à chaque objectif sa méthode
Difficile de dire si telle ou telle méthode de commercialisation des céréales est meilleure qu’une autre. Tout dépend de vos objectifs. Aujourd’hui, le champ des possibilités est très large. Autant en avoir connaissance pour choisir ce qu’il vous convient le mieux. Utiliser différentes stratégies, c’est aussi une démarche de bonne gestion : les avantages des unes compensant bien souvent l’inconvénient des autres.
Tableau de synthèse
Méthode
Principal objectif
Principal avantage
Principal inconvénient
Prix de campagne
Déléguer ma commercialisation de céréales
Je gagne du temps, je n’ai plus besoin de suivre le marché ni de prendre de décisions
Mon prix final de vente est connu tardivement et il faut accepter de perdre la maîtrise de ses ventes
Prix ferme
Fixer mes ventes de manière définitive
Si les cours se replient par la suite j’ai sécurisé un bon prix
Je peux avoir le regret d’avoir vendu trop tôt. Attention également au risque de s’engager sur une qualité et une quantité données de marchandise avant récolte
Vente de lots Euronext (matif)
Fixer un prix intéressant sur le marché à terme
Permet de profiter d’un prix intéressant sur le marché à terme même si mon marché local n’est pas attractif
Le risque de subir une dégradation de mon marché local persiste
Contrats indexés Euronext (matif)
Profiter d’un écart de prix (base) intéressant entre mon marché local et le marché à terme
Je fixe ma base et ne crains plus de dégradation de mon marché local
Mon risque de prix perdure tout le temps que je n’ai pas finalisé mon contrat en fixant également le prix « matif »
Vente + achat de call
Profiter d’une éventuelle hausse après avoir vendu
Constitution d’un prix minimum garanti apportant sécurité et exposition à la hausse
Prime à payer à l’achat du call
Pas de vente + achat de put
Protéger la marchandise non vendue d’une baisse
constitution d’un prix minimum garanti apportant sécurité et exposition à la hausse
Prime à payer à l’achat du put
Ne rien faire dans l’espoir d’un meilleur prix
Attente d’un meilleur prix global
Je profite de toutes les hausses
Je prends le risque de souffrir de toutes les baisses
Avez-vous déjà ressenti cette euphorie de voir les cours s’envoler? Comme çà. D’un coup. Là où l’on s’y attend le moins.
Je me souviens bien par exemple du 1er juillet 2015.
Coup de chaud sur la France. Trois jours à 38°c et les blés passent du vert au blanc. Les journaux télévisés s’en inquiètent. La panique s’installe dans le marché. Le blé décolle de 30 euros sur le matif en une semaine. Et les autres marchés lui emboîtent le pas. Oui j’ai eu très peur pour mes rendements. Et très chaud aussi… mais quelle satisfaction et quelle sensation de voir les cours flamber!
Je cultive 220 hectares en région Centre dont 100 de blé, 60
de colza, 35 d’escourgeon brassicole et 25 d’orge de printemps.
Sur cette seule journée du 1er juillet 2015 mon chiffre d’affaires potentiel a progressé de 10 200 €. Rendez-vous compte??? Pour la taille de mon exploitation c’est colossal !
Et puis, il y a les jours sombres…
Ces journées de déprime où l’on n’a pas envie de regarder son portable pour voir les cours chuter encore et encore Mais on le fait quand même. On ne sait jamais, des fois que ça rebondisse !
Le pire chez moi n’est pas vieux c’était le 17 mars 2020.
Le coronavirus est là. Ici et partout. Où va-t’on ? Personne ne le sait. Les marchés paniquent. Le pétrole dévisse en entraîne le colza. Le Matif perd 60 €/t en deux semaines.
En une seule journée mon chiffre d’affaires potentiel a perdu 6 250 € ! Une sacrée frayeur !
J’y rentre mon assolement, mes rendements moyens et ma base. Et le tour est joué. En un coup d’œil je retrouve l’historique de mon chiffre d’affaires potentiel chaque jour depuis mon installation en 2013.
J’aurais pu me contenter de mes résultats comptables. Après-tout. Mais je n’y vois que les résultats des ventes que j’ai faites. Ça ne me donne pas la mesure des opportunités manquées ou des risques évités.
Je sais désormais que depuis 2013 mon chiffre d’affaires potentiel connaît une amplitude moyenne de 60 544 € au sein de chaque campagne. C’est le double de mon résultat !
Et d’un jour à l’autre c’est 1314 € de variation ! C’est plus qu’un SMIC …
Vaincre la volatilité des cours c’est maintenant mon combat. Avoir les bonnes armes a un coût ! Mais j’en connais désormais l’enjeu.
Crise sanitaire d’abord, crise économique ensuite, le Coronavirus n’a pas fini de faire parler de lui. Cette situation est inédite dans le monde moderne avec à ce jour 2,7 milliards de personnes confinées soit plus d’un habitant de la planète sur 3.
L’ampleur du krach est exceptionnelle sur les marchés financiers : -38% en un mois pour la bourse de Paris. -35% à New York. Quant au pétrole, il a perdu 62% de sa valeur en un mois pour sombrer au plus bas depuis 18 ans.
De l’alimentation de base comme le pain et les pâtes aux consommations de loisir telles que la bière en passant par les usages non-alimentaires que sont les biocarburants, tous nos débouchés sont impactés. Parfois positivement mais hélas biens souvent négativement. Alors, finalement quel est l’impact du Coronavirus sur nos céréales?
Blé : Le Coronavirus favorise l’alimentation de base
Paniques aux achats
A l’image des consommateurs remplissant leurs caddies de pâtes, farine et autres, ce sont tous les utilisateurs de blé qui répondent à cette « peur de manquer » et aux risques de défaillance de la logistique. Des éleveurs aux fabricants d’aliment du bétail, des meuniers aux usines agro-alimentaires, des chargeurs aux grands pays importateurs : toute la filière a renforcé ses achats de précaution.
Il faut aussi compter avec la Chine qui sort progressivement de ses 2 mois de confinement et qui revient aux achats de blé français et américain pour refaire ses réserves.
Les devises ont également leurs effets de soutien à court-terme. Désormais épicentre de l’épidémie de Coronavirus, l’Europe voit sa devise, l’Euro chuter au plus bas depuis 3 ans ce qui soutient les prix à l’export. En Russie, c’est de nouveau la menace de restrictions à l’export qui plane. Avec une économie frappée de plein fouet par l’effondrement des cours du pétrole, le rouble russe a perdu 1/3 de sa valeur depuis le 1er janvier. Cette dévaluation fait bondir les prix agricoles sur le marché intérieur sur des niveaux records, ce qui commence à agiter la population.
Des incertitudes à moyen terme
L’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Iraq, l’Algérie, l’Egypte, le Nigéria et l’Indonésie ont pour point commun d’être dans le classement des plus gros producteurs de pétrole au monde. Avec un prix du blé qui n’a jamais été aussi élevé qu’à ce jour par rapport au prix du pétrole, la capacité de ces pays à maintenir leurs achats dans les prochains mois est une crainte.
Quant aux devises, difficile de statuer sur le maintien d’un euro faible par rapport au dollar quand les Etats-Unis devraient eux aussi être sévèrement touchés par la crise. De plus, les pays exportateurs de blé à bas coûts que sont l’Ukraine et la Russie bénéficieront indéniablement de la faiblesse de leurs devises pour assoir leur domination sur le commerce mondial du blé dans les prochains mois.
Orge : quand l’épidémie de covid-19 fait perde toutes les bonnes occasions de boire de la bière
Fermeture des bars et restaurants. Arrêt de la NBA aux Etats-Unis. Arrêt des championnats de footballs Européens. Report de l’Euro de football et des JO. Suspension de tous les petits évènements locaux. Toutes les bonnes occasions de boire de la bière en quantité sont mises à mal. Certes la consommation domestique perdure pendant le confinement. Mais une forte réduction de la consommation mondiale de bière est crainte à ce jour.
Maïs : sous la menace de l’éthanol américain
Alors que les cours de l’essence ont perdu 75% de leur valeur aux Etats-Unis en un mois et que les cours de l’éthanol marquent de nouveaux plus bas historiques, les usines d’éthanol américaines sont à contre-marge et ferment les unes après les autres. Les restrictions de circulation et donc de consommation de carburant ne font qu’amplifier la crise. Lorsque l’on sait que 40% de la production de maïs américaine est transformée chaque année en éthanol, on comprend mieux pourquoi le maïs à Chicago revient vers ses plus bas niveaux des 10 dernières années. Heureusement en France, cette débâcle est atténuée par la fermeté du blé et la faible récolte de l’automne dernier.
Colza : Le coronavirus fragilise la filière
Le soja bloqué en Amérique du Sud ?
Le secteur des oléagineux souffre davantage de la crise que
celui des céréales. Le monde se passe plus facilement d’huile que de pain…
Mais dans cet univers complexe, un élément de soutien se détache, la fermeté des tourteaux. En Europe, c’est la réduction de cadence des usines de trituration et les problèmes de logistiques qui réduisent l’offre de tourteaux de colza. Sur le marché mondial, alors que la Chine, qui sort peu à peu de la crise, revient activement aux achats de soja, l’Amérique du Sud fait peur aux opérateurs.
Face à la progression du Coronavirus, des villes commencent à être fermées au Brésil comme en Argentine. Difficile de savoir si ces blocages vont prendre de l’ampleur et durer. Mais, comme à chaque fois que le doute plane sur le 1er exportateur au monde de graine de soja et le 1er exportateur au mode de tourteaux de soja, les cours s’emballent à la hausse sur ce marché hyper concentré.
La déroute du biodiesel
Avec un pétrole au plus bas depuis 18 ans, l’équilibre économique des filières de biocarburants est remis en cause dans de nombreux pays du monde. Il devient parfois plus rentable pour les pompistes d’être amendable que de respecter leurs obligations d’incorporation de biocarburants.
De plus, l’Europe entière est en confinement. La consommation de gasoil s’effondre et avec elle la consommation de biodiesel à 7%. Avec plus de 70% des graines de colza européennes destinées à la production de biodiesel, c’est une réelle crise de débouché que vit actuellement ce produit.
La volatilité est de retour
Nous ne mesurons certainement pas encore à ce jour tous les changements et bouleversements que la crise actuelle va provoquer dans l’économie mondiale, et sur le marché des grains. Si la demande alimentaire mondiale incompressible demeure la colonne vertébrale de nos marchés agricoles, leur dépendance aux biocarburants est leur talon d’Achille.
L’incertitude du lendemain et la volatilité des prix qui l’accompagne fait un retour fracassant sur le marché des grains. De menaces à opportunités, les hésitations sont nombreuses et les risques majeurs lorsque l’on est seul sur son exploitation pour déclencher ses ventes.
Espérons toutefois que cette période de trouble profond permette à nos dirigeants et surtout aux consommateurs de mieux saisir l’enjeu stratégique de l’agriculture et de mieux la soutenir pour garantir la stabilité des paysages, du pays et du monde.
Pour continuer à suivre notre analyse du marché et voir l’évolution de l’impact du Coronavirus sur nos céréales, je vous invite à tester notre appplication mobile en cliquant plus bas. Pour plus d’informations sur Captain Farmer, échangez avec l’équipe Captain Farmer dès maintenant ! Prenez rendez-vous directement ici : https://meetings.hubspot.com/pierre74
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