Une année sans précédent
L’année 2022 qui se termine aura été l’objet d’une volatilité inégalée à ce jour. Les records de prix sont tombés sur la plupart des produits. Plus de 1 000 €/t pour le colza et le tournesol, plus de 500 €/t sur le blé dur, plus de 400 €/t sur le blé et les orges et plus de 350 €/t pour le maïs.
La chute de l’euro a bien aidé les performances des produits libellés dans cette devise. C’est le coup de pouce supplémentaire par rapport aux précédents records de 2007/2008.
Les amplitudes de marché ont, elles aussi, été colossales avec des écarts de 500 €/t en colza ou 180 €/t sur le blé pour ne citer que ces deux produits phares.
Le choc de la guerre en Ukraine a fait culminer les matières premières agricoles après une ascension débutée 2 ans auparavant avec la tension des stocks, les achats massifs de la Chine et avec l’inflation globale de toutes les matières premières. Mais depuis le printemps 2022, le marché s’est « accoutumé » au conflit. Les stocks se sont améliorés. La Chine est en retrait. Et surtout, la bulle des matières premières se dégonfle sous la pression des banques centrales.
Maïs, blé et orges en gagnants
Le maïs, le blé tendre et l’orge fourragère sont les 3 seuls produits suivis par Captain Farmer à progresser sur l’année 2022. Malgré la baisse des prix observée depuis mai dernier, ces 3 céréales sont à leur plus haut niveau historique pour un 31 décembre. Elles affichent une série de 3 années successives de hausse.
Le maïs est le grand gagnant de la performance 2022 avec une progression annuelle de +20.8 %. Cette hausse est due avant tout à la relative déprime de ce produit il y a un an. N’oublions pas que le maïs est passé d’une récolte record en France et en Europe à l’automne 2021 à une récolte catastrophique en 2022. Malgré ces faibles volumes de production, les cours du maïs rendu Bordeaux se sont nettement détendus avec l’arrivée d’une récolte brésilienne record sur le marché international et avec la mise en place du corridor d’export en Ukraine.
Le blé monte sur la deuxième marche du podium. Malgré un violent repli de plus de 100 €/t depuis mai, il affiche une progression annuelle de 12.8 %. Les cours du blé en rendu Rouen profitent encore de la tension des stocks chez la majorité des grands exportateurs mais se trouvent néanmoins pénalisés par des productions 2022 records en Russie et en Australie.
L’orge fourragère clôture ce trio de tête avec une progression annuelle de +8.7 %. Elle suit le blé dans sa trajectoire au bémol près de la dégradation de sa prime due au ralentissement des achats chinois d’orge française. Quand l’écart de prix entre blé meunier et orge fourragère rendu Rouen était de 19 €/t au 1er janvier 2022, il s’est agrandi à 32 €/t au 31 décembre 2022.
Match nul pour le tournesol et le blé dur
Le blé dur et la graine de tournesol sont pratiquement au même prix qu’il y a un an. Ils affichent donc tous deux leur meilleur niveau historique pour un 31 décembre comme l’an passé.
Le cours du blé dur rendu la Pallice était déjà record au 1er janvier 2022 à la suite de la très mauvaise production canadienne de 2021. La récolte 2022 a été bien meilleure. Néanmoins les mauvaises productions de blé dur en Europe et en Afrique du Nord ainsi que les prix très élevés du blé tendre permettent au blé dur de conserver son très haut niveau.
Le cours de la graine de tournesol était lui aussi déjà extrêmement élevé à plus de 600 €/t au 1er janvier 2022, tiré par la pénurie de colza en Europe et dans le monde et par la tension des huiles végétales. La guerre en Ukraine, 1er exportateur mondial d’huile de tournesol a propulsé la graine de tournesol à plus de 1000 €/t pendant 3 mois au printemps dernier. Mais avec le report de la demande sur le palme davantage disponible et avec la mise en place du corridor d’export en Ukraine, le cours de la graine de tournesol rendu Saint-Nazaire termine l’année 2022 comme il l’avait débutée autour des 600 €/t.
Une contre-performance à relativiser pour le colza et les orges brassicoles
Le colza, l’orge de brasserie d’hiver et l’orge de brasserie de printemps sont les 3 produits suivis par Captain Farmer à afficher un net recul sur l’année 2022.
La graine de colza fob Moselle a perdu -23.4 % entre le 1er janvier et le 31 décembre 2022. Cela est surtout dû au fait qu’au 1er janvier le cours du colza était déjà sur un record de 765 €/t dans un contexte de chute de la production canadienne de canola, de manque de colza en Europe et d’envolée des cours du biodiesel en Europe. Depuis son éphémère pic à 1 100 €/t le 25 avril, le colza ne fait que baisser. Forte remontée des productions de colza en Europe et au Canada, récolte record en Australie, net recul du biodiesel, rechute de l’huile de palme, les arguments baissiers ne manquent pas. La tension du soja et la reprise du palme apportent toutefois un peu de soutien permettant au colza de s’afficher à 580 €/t fob Moselle fin 2022.
Les cours de l’orge de brasserie de printemps comme celle d’hiver perdent – 16 % sur l’année 2022. Il faut dire que ces deux produits étaient déjà sur des niveaux records au 1er janvier 2022 à 375 €/t base juillet fob Creil pour l’orge de printemps et 350 €/t base juillet fob Creil pour l’orge d’hiver suite à un forte tension du bilan européen, à de gros achats d’orge par la Chine et à une mauvaise récolte canadienne 2021. Depuis, la chine s’est retirée des achats d’orges et les bonnes récoltes 2022 du nord-communautaire ont permis de détendre le bilan brassicole européen. La tension de l’ensemble du complexe céréalier reste néanmoins un puissant soutien avec des orges brassicoles encore proches des 300 €/t fob Creil.
Il ne faut pas perdre de vue que la contre-performance du colza et des orges de brasseries sur 2022 est en grande partie liée à leurs prix déjà extrêmement élevés il y a un an. Et il est important de se rappeler que ces produits sont sur leurs 2è plus haut niveau historique de prix pour un 31 décembre.
Quelles perspectives pour 2023 ?
Après une année 2022 des plus mouvementées et un cycle haussier débuté depuis 3 campagnes désormais, l’année 2023 s’annonce comme cruciale. Quelle issue au conflit en Ukraine ? Quelle évolution de la consommation mondiale de grains en cas de ralentissement économique ? Quelle capacité des grands exportateurs à pouvoir augmenter leur production dans un contexte d’instabilité climatique ? Voilà autant de questions qui feront l’actualité et les cours des 12 prochains mois.
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